Casta
LAETITIA CASTA est Normande par sa mère Line. Son enfance s’est déroulée dans la campagne normande, jouant dans les rivières et les bois avec son grand frère. En fait, elle était tellement «garçon manqué» qu’elle était souvent confondue avec un garçon. «J’ai les cheveux de ma mère, et mes yeux sont un mélange de ceux de mes parents», souligne-t-elle.
Mais il ne faut pas oublier le côté corse, qui vient de son père Dominique. «Depuis que je suis toute petite, j’ai passé toutes mes vacances en Corse.» — dit Laetitia.
Ses vacances en Corse l’ont beaucoup influencée. Elle se souvient : «J’ai appris à nager dans les rivières, j’ai ressenti très tôt l’énergie fantastique de cette terre. En Corse, on m’a inculqué1 l’amour de la famille: la joie d’être réunis. J’ai puisé dans la force de caractère de mon grand-père, avec qui j’allais pêcher les anguilles2 ou remplir les bouteilles, à la source, d’eau fraîche. J’ai gardé l’odeur des croquettes3 que préparait mon arrière-grand-mère, si jalouse de sa recette. Je me souviens de la complicité des femmes dans la cuisine.»
LE CONTE DE FEES
Tout est allé très vite pour cette Lolita à la moue boudeuse4 façon Bardot, mais qui veut ne «ressembler qu’à elle-même». Son véritable conte de fées commence sur la plage de Sant’Ambroggio, en Corse, en août 1993. Comme tous les ans, elle passe ses vacances d’été en famille, chez sa grand-mère, avec son père, directeur commercial, sa mère, femme au foyer, son frère, Jean-Baptiste, étudiant en sciences éco, et sa petite sœur, Marie-Ange. Par chance, Frédéric Cressaux, photographe de mode, se fait lui aussi bronzer sur cette plage, en compagnie d’une «bookeuse»5 de l’agence Madison. Son œil est immédiatement attiré par une jeune fille de quinze ans, juste vêtue d’un Bikini, marchant avec grâce au bord de l’eau. «Elle m’est apparue assez petite, ce qui aurait pu être un handicap6, mais son profil était si parfait, et la fille si racée, qu’on a senti qu’elle marcherait. On est allé tout de suite discuter des modalités7 avec ses parents pour la faire venir en septembre à Paris», raconte son découvreur. Laetitia tempère cette version. Pour elle, c’est aussi grâce à un coup d’audace de son frère: «Il m’avait inscrite en cachette8 au concours de Miss Lumio, qui avait lieu sur la place du village. J’étais bien obligée de m’y présenter, tous les Corses du pays m’attendaient! Ici, on se connaît tous. On était vingt candidates, que des Corses, hormis deux Italiennes, et j’ai été élue. Ç’a pu m’aider à me faire repérer.»
Après ces événements, Laetitia sent bien qu’elle ne sera plus une collégienne comme les autres. Au début, elle essaie de mener de front9 les cours et les séances de photo. Puis ses parents lui paient des professeurs particuliers. Laetitia déteste les maths. «J’ai tout laissé tomber, explique-t-elle. Il aurait fallu un prof qui me suive partout. Finalement j’apprends beaucoup plus dans mes voyages: l’anglais, en discutant avec les gens que je rencontre; l’histoire de l’art, dans les musées, la géographie, dans les livres.»
Aujourd’hui, Laetitia représente un idéal de beauté féminine. Mesurant seulement 1,72 m, avec une silhouette toute en courbes, elle a peu en commun avec les mannequins «brindilles»10. Elle explique, «Quand j’ai commencé comme mannequin, tout le monde voulait me remodeler: j’étais trop grosse, trop petite, ils voulaient refaire mes dents… Je suis très fière d’être restée telle que je suis. Et il y a une chose superbe, qui est merveilleuse, c’est de ressembler à une femme, pas à une liane.»
Elle est «bookée» pour des mois!11 Séances de photo pour les plus grands magazines de mode, avec les plus grands photographes. À elle, les affiches placardées en 4 mètres sur 3 dans les rues de New York, pour le fabricant de jeans américain Guess, dont elle est l’égérie12. Laetitia ne fait que du top. Avec ses 100000 francs par jour elle est devenue ce qu’on appelle un top model. Pour couronner le tout, elle est française.
MARIANNE
Un des symboles de la République Française est le buste de Marianne. Née le 22 septembre 1792, à Paris, avec la Convention Nationale, Marianne devrait son identité aux prénoms les plus populaires à la fin de l’Ancien Régime : Marie et Anne. La première mention écrite du nom de Marianne pour désigner la République est apparue en octobre 1792 à Puylaurens (Tarn) dans la chanson en occitan du chansonnier Guillaume Lavabre : «La Garison de Marianne» (la guérison de Marianne). En fin de la Convention Nationale, cette déclaration: «La Liberté comme la République, comme la France et donc comme Marianne», s’énonce au féminin en latin et en français. Le genre grammatical entraîneentraîner - (здесь) подвести Le Français l'en... naturellement le sexe de l’allégorie.
Cette figure allégorique commence à apparaître dans les mairies après 1877. Elle remplace les bustes de Napoléon III. Déjà en 1848 (IIème République), le Ministre de l’Intérieur avait lancé un concours et deux Marianne avaient été retenues : «une sage et grave», «une combative et victorieuse». La plus ancienne serait la Marianne de Marseillan dans le département de l’Hérault en 1878, suivie de celle de la Place de la Nation à Paris, par Dalou. Depuis, les historiens ont beaucoup travaillé sur la symbolique. Jos Youinou avait réussi, avec le concours des élèves à réunir 8 bustes, dont celui de la mairie de Penhars et Plozévet (1889). Il paraît que les bustes des mairies de Tréogat, Plozévet, et… Versailles sont identiques. Des différences se remarquent en revanche entre celui de Penhars et Plozévet. Le premier représente une femme d’âge mûr, presque matrone, avec une couronne de lauriers, qui rassure. Celui de Plozévet, c’est une Marianne plus jeune avec un bonnet phrygien.
Que d’allégories pour la République. Marianne est devenue une star dans les années 60, sous les traits de Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Mireille Mathieu. En 1999 c’est Laetitia Casta qui prend la relève.
Elle a appris cette nouvelle lors de son tournage dans le téléfilm «La bicyclette bleue» dont l’action se passe pendant la première guerre mondiale en France. Sa réaction était particulière : elle est arrivée sur le tournage avec des bouteilles de champagne, et elle a arrosé tout le monde. «Ça m’encourage, je suis très fière d’être Marianne. Moi en tant que française je trouve que cela représente une image de la femme libre non seulement en France mais aussi à l’étranger. C’est une image de la femme libre, indépendante et intègre. Ça me plaît.»
LE GRAND ECRAN
Devenue l’un des nouveaux mannequins les plus populaires, Laetitia est classée seconde du numéro intitulé «les 50 plus belles femmes» du magazine Maxim. Elle fait ses débuts au grand écran dans le film de Claude Zidi: «Astérix et Obélix contre César», où elle joue le rôle de Falbala au coté de Gérard Depardieu et Christian Clavier (Sortie dans les salles françaises en février 1999). Récemment, elle est apparue dans un clip-vidéo très controversé pour la chanson de Chris Isaak «Baby Did a Bad, Bad Thing». Toutefois, elle continue à concentrer ses efforts sur sa carrière de mannequin, espérant un jour se marier et avoir une famille nombreuse.
«POUR CROIRE EN DIEU IL SUFFIT DE VOIR UNE FOIS LAETITIA»
Jusqu’à ses 21 ans, Laetitia vivait chez ses parents. Désormais, elle partage un appartement à Londres avec son grand frère Jean-Baptiste «pour avoir plus d’indépendance», mais aussi pour n’être qu’à une heure d’avion de sa famille, son indispensable port d’attache. Ses activités favorites sont la peinture, l’écriture, aller au cinéma et danser sur du disco. S’avérant ne pas être qu’une jolie tête, Laetitia est également ceinture marron au judo. La citation la plus célèbre pour Laetitia vient probablement de la créatrice Vivienne Westwood qui énonça: «Je ne crois pas en Dieu, mais quand je vois Laetitia, je pourrais changer d’avis.»
1 inculquer — внушить
2 anguille (f) — угорь
3 croquettes (f.pl.) — биточки, фрикадельки
4 moue (f) boudeuse — недовольное, надутое выражение лица
5 bookeuse (f) — (в модельном агентстве) ответственная за назначение встреч
6 handicap (m) — недостаток
7 modalité (f) — условие
8 en cachette — тайком
9 mener de front — продолжать одновременно
10 brindille — тоненькая как веточка
11 elle est booké pour des mois — ее время расписано на месяцы вперед
12 égérie (f) — муза, вдохновительница