Les cent musées de Paris sont comme un saisissant raccourci des connaissances, des créations, des aventures de l’humanité.
Il y a des «grands», qui offrent au visiteur un parcours parmi les chefs d’œuvres les plus hauts jamais produits par l’esprit humain. Il y a les «classiques», où l’amateur éclairé retrouve de vieilles connaissances et ravive d’anciennes émotions. Et puis il y a ces lieux magiques, anciens ateliers d’artistes ou maisons d’écrivains, qui sont comme autant d’écrins mystérieux où le promeneur retrouve dans toute leur fraîcheur originelle des sensations miraculeusement préservées.
Les cent musées de Paris offrent un inégalable panorama du savoir, de la sensibilité, du travail de ces hommes qui, depuis plus de deux mille ans, ont fait de cette ville la capitale de l’universel. Ils composent la démonstration la plus élevée de la supériorité du génie humain, dans l’art ou l’archéologie, l’histoire ou l’anthropologie, les lettres, les sciences ou les techniques. C’est un beau sujet de méditation que de voir comment, tout au long de l’histoire de France et quels que soient les heures et les malheurs des temps, les rois, les empereurs, les présidents, n’ont jamais cessé de mettre l’art au cœur de leur préoccupations, amassant inlassablement des trésors, enrichissant d’admirables collections avec une sûreté de goût qui force l’admiration.
Le Président français Georges Pompidou, passionné d’art contemporain, a eu l’idée de créer un immense espace culturel en plein centre de Paris, à la place de Beaubourg, à quelques centaines de mètres de ce qui était encore le «trou des Halles». «Je voudrais passionnément que Paris possède un centre culturel qui soit à la fois un musée et un centre de création» — déclara-t-il en 1969. Georges Pompidou initie alors un concours international d’architectes. Il entame ainsi l’ère des grands travaux.
Le quartier Beaubourg doit son nom à un village inclus dans Paris après l’édification de l’enceinte de Philippe Auguste. Au siècle dernier, il s’agissait encore d’un îlot insalubre. L’écrivain belge Huysmans disait en 1902 à son sujet: «Tout le quartier est misérable mais il efflue un relent de vieille truanderie qui rejoint». Détruit en 1939, il fait place à un terrain vague, avant d’être retenu dans le programme d’aménagement du quartier des Halles.
La consultation internationale est lancée à la fin de l’année 1970. Plus de 650 projets sont examinés. Celui de Renzo Piano et de Richard Roges sort vainqueur de cette compétition en 1971. Il se présente sous la forme d’un gigantesque parallélépipède de 166 mètres de longueur, de 60 mètres de largeur et de 42 mètres de hauteur. Il a dix étages, dont trois sous-sols avec une superficie totale de 100 000 mètres carrés. Très novateur est sa conception, il est orné de cheminées de paquebot et de tubulures métalliques peintes dans des couleurs vives. Les riverains et passants sont stupéfaits.
La presse s’empare du sujet et alimente une polémique assez vive. Lorsque le Centre ouvre enfin ses portes le 31 décembre 1977, de nombreux visiteurs s’étonnent de la présence d’échafaudages. L’événement architectural suscite des réaction dans le monde entier et de nombreuse voix s’élèvent contre la présence au cœur de Paris historique d’un «tas de tubes», de plastique, de charpente et de verre.
Les architectes ont résolument privilégié l’espace intérieur. Chaque niveau de l’édifice comporte un plateau de 7500 mètres carrés. Les escaliers, ascenseurs, escalators et l’ensemble des conduit d’aération et d’alimentation ont été repoussés à l’extérieur, en façade. La couleur des poutrelles et des gaines correspond à leur fonction: bleu pour les fluides, rouge pour les transports et jaune pour l’électricité. Face à la place, un grand escalier mécanique circule en diagonale, dans un tube entouré par arceaux.
La fréquentation du Centre a largement dépassé les prévisions les plus optimistes — huit millions par an — et ne s’est jamais ralentie. Ayant une entrée libre à de nombreux étages et offrant les services d’une bibliothèque et d’une vidéothèque moderne, le public comprend aussitôt que le centre Pompidou lui est destiné et lui donne accès à tous les éléments de la culture moderne. Il s’agit d’un lieu ouvert à tous les artistes et à tous les publics.
La bibliothèque publique d’information met à la disposition d’importantes collections d’ouvrages, journaux et magazines. Elle offre une vue agréable sur la Piazza et attire un nombre considérable d’élèves, d’étudiants et de chercheurs. Très en avance sur son époque, elle se dote des moyens audiovisuels les plus modernes: diapositives, vidéodisques, base de données, microfilms et microfiches. Son objectif est de promouvoir tous les modes d’accès à l’information. Elle permet aussi d’apprendre en cabine individuelle 110 langues par le biais de 460 méthodes de plusieurs niveaux. Un des premiers cyber-cafés de Paris a été ouvert ici, et jusqu’à présent il garde la réputation d’un lieu de prédilection des «surfeurs sur le Net».
Le Musée national d’art moderne accueille une partie importante des collections contemporaines du patrimoine national et rassemble les œuvres majeures de toutes les formes d’art plastique français et étranger depuis le début du siècle. Devant le succès remporté et pour répondre à l’accroissement des collections permanentes, une rénovation complète des espaces a été confiée à l’architecte italien Gae Aulenti à qui l’on doit notamment l’aménagement intérieur du musée d’Orsay. Le quatrième étage abrite les chefs d’œuvres du fauvisme, de Pierre Bonnard, d’Henri Matisse et du cubisme. Le musée possède un grand nombre des toiles de Fernand Léger, notamment celles qui attestent son intérêt pour la représentation de la vie moderne et industrielle, comme par exemple «Eléments mécaniques».
La collection consacrée au cubisme commence avec «Le Cheval», bronze de Duchamp-Villon qui est une pièce fondamentale de la sculpture du XXe siècle. Bien sûr, sont exposées les œuvres de Braque et de Picasso, de 1909 à 1914, qui portent haut l’étendard du cubisme, comme «L’Homme à la guitare» de Braque et «Le portrait de jeune fille» de Picasso. Les grands mouvements artistiques de la première moitié du siècle sont représentés au travers des œuvres de Kandinsky, Klee, Modiliani, Chagall, Malevitch, Soutine, Rouault, de Chirico, Miro… Les œuvres présentées au troisième étage réservé à la peinture contemporaines, sont renouvelées chaque année à l’exception de quelques-unes d’entre elles parmi lesquelles le «Jardin d’hiver» de Dubuffet et le «Magasin» de Ben. Le musée enrichit ses collections avec des achats et grâce à de nombreuses donations. Les expositions temporaires, organisées au cinquième étage, concernent très fréquemment des rétrospectives d’artistes du XXe siècle. Parmi les dernières, les plus importantes ont été consacrées aux œuvres de Magritte, Bacon, Ernst et Matisse.
Le centre Pompidou est aussi un lieu des débats, de projections cinématographiques et de spectacles de danse. Les enfants de 6 à 14 ans ont accès à un atelier destiné à les sensibiliser aux formes diverses de la création. La terrasse au sommet, dans le prolongement d’un restaurant self-service, offre une vue magnifique sur le centre de la capitale et sur la butte Montmartre.
Des travaux de restauration du Centre Beaubourg, destinés à réparer les outrages du temps et à remettre à niveau l’ensemble des installations éprouvées par une fréquentation très supérieure aux prévisions initiales, ont été entrepris en 1997. Ils ont entraîné une fermeture du Centre qui n’a rouvert ses portes qu’au janvier de l’an 2000, étant devenu un des symboles de Paris-2000 qui entre dans son nouveau millénaire.