La Francophonie en Europe centrale et orientale

La Francophonie

Le français dans l’histoire

A partir du XVIe siècle, la prééminence1 de la France joue un rôle important dans la diffusion du français en Europe. Il remplace le latin, langue internationale des intellectuels pendant tout le Moyen Age, dans les domaines de la philosophie, de la médecine, de la banque et du grand commerce. Langue de la diplomatie, le français est utilisé dans les traités internationaux de 1714 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

Les mariages entre familles royales et aristocratiques en font une langue parlée dans toutes les Cours : près de vingt-cinq au total, de la Turquie au Portugal en passant par la Russie, la Norvège, la Pologne et l’Angleterre.

Au siècle des Lumières, où le français est reconnu comme langue universelle, la mode saisit l’Europe aristocratique au point que ses souverains2 font venir à leur Cour des écrivains français, Descartes auprès de Christine de Suède, Voltaire chez Frédéric de Prusse. A Saint-Pétersbourg ou à Moscou, un aristocrate qui se respecte se doit de parler le français. En Roumanie, la diffusion de la langue française date aussi de cette époque. Sous l’Empire napoléonien, les Slovènes, comme les Croates, ont gardé un souvenir très positif de l’influence française. Mais les campagnes napoléoniennes ont aussi froissé3 bon nombre de sensibilités4 dans d’autres parties de l’Europe. Quoi qu’il en soit, l’affaiblissement de la monarchie marque la fin de la suprématie5 française en Europe, avec le début de la prépondérance6 anglaise.

Au XXe siècle, c’est pendant la période de l’entre-deux-guerres que l’anglais commence, avec la montée en puissance des Etats-Unis, de rogner7 peu à peu la position dominante du français en Europe et dans le monde. Peu à peu, l’usage de l’anglais se renforce dans les relations commerciales, scientifiques, puis politiques à l’échelle8 du monde.

Néanmoins, le siècle dernier est marqué par la fondation, en 1970, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). C’est une institution dont les membres (des Etats ou gouvernements participants) partagent ou ont en commun la langue française et certaines valeurs (comme, notamment, la diversité culturelle). L’Organisation internationale de la Francophonie regroupe, au début de l’année 2007, 55 Etats et gouvernements membres (dont 2 membres associés : Chypre et le Ghana) et 13 observateurs, répartis en 7 régions du monde. Elle représente plus du quart des Etats membres de l’Organisation des Nations unies, soit 710 millions de personnes des cinq continents.

Le français dans les pays d’Europe centrale et orientale (PECO)

En 1989, la chute du Mur de Berlin suivie de la disparition de l’URSS ouvre la voie à une francophonie «post-soviétique» : les pays d’Europe de l’Est et centrale, libérés de la tutelle9 communiste et soucieux de se désenclaver10, cherchent de nouvelles portes d’entrée pour agir à l’international. Dans l’ancien bloc socialiste (à l’exception de la Russie, bien sûr), le russe a perdu son statut de langue première et obligatoire de la fin du primaire à l’université. L’offre linguistique en Europe centrale et orientale s’est donc libéralisée. Le français tire son épingle du jeu11. Des 24 nouveaux membres et observateurs accueillis par l’OIF entre 1990 et 2007, 14 sont issus de cet espace européen (Albanie, Bulgarie, Croatie, Hongrie, Lituanie, Macédoine, Moldavie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Slovénie et Ukraine) où la langue française porte longtemps les valeurs humanistes.

Près de 10 % des 55 millions d’apprenants du français (hors de France) résident dans les pays d’Europe centrale et orientale. Le français se maintient dans ses bastions traditionnels (Roumanie, Moldavie) et se développe dans des pays où il était moins implanté12 (Hongrie, Pologne, République tchèque). En Roumanie, où la tradition du français est partie intégrante13 du patrimoine14 culturel, on compte ainsi près de 8 % de francophones et 20 % de francophone partiels15. En Bulgarie, où son apprentissage est en baisse, un quart des lycéens tout de même apprennent le français. Dans les pays de l’ex-Yougoslavie, le français est peu parlé. Comme en République tchèque, dont l’histoire reste liée à celle de l’Autriche-Hongrie, mais où le nombre de lycéens qui apprennent le français a triplé entre 1990 et 2000.

Dans les autres pays, sa place est plus modeste. Mais leur entrée dans l’Union européenne «a puissamment stimulé leur intérêt pour la Francophonie». Le phénomène tient sans doute au statut de langue de travail du français au sein des institutions européennes, mais il procède aussi d’une aspiration à s’ouvrir sur le monde et sur les valeurs véhiculées16 par la Francophonie. On observe enfin un intérêt croissant pour la production culturelle francophone. Toutefois, ces bonnes dispositions se heurtent à des difficultés du fait de l’évolution préoccupante de la place du français dans l’Union européenne. Lors des négociations17 relatives à l’élargissement, les représentants des PECO s’exprimaient en quasi totalité en anglais. Et ce malgré le programme de formation au français en direction des fonctionnaires, traducteurs et interprètes des instances18 européennes et des administrations centrales des pays candidats que la France avait lancé lors de sa présidence de 1995. En 2002, la politique de promotion du français devient multilatérale19 avec la signature d’un Plan pluriannuel20 d’action pour le français dans l’Union européenne.

La diversité de l’enseignement bilingue francophone

Janina Zielinska

De nombreux pays d’Europe de l’Est comme de l’Ouest ont mis en place un cursus21 bilingue francophone : au total, plus de 400 sections bilingues soit près de 60 000 élèves apprennant le français. L’enseignement est dispensé22 en deux langues, langue locale et français. Ces filières d’excellence23 présentent une grande diversité selon les pays. Une, voire24 » deux années zéro » permettent aux élèves d’acquérir un niveau de français suffisant pour entamer un cursus dans les disciplines non linguistiques — six ans en République tchèque, cinq ans en Hongrie tandis que la Croatie et la Macédoine n’ont pas intégré ce système dans leur structure éducative. La République tchèque ou encore l’Albanie proposent des sections bilingues francophones à dominante scientifique (physique, chimie et mathématiques). La Biélorussie mise25 plutôt sur l’enseignement des sciences économiques et sociales, la Lituanie sur la musique et l’éducation physique et sportive ; la Roumanie sur la géographie, l’histoire et la civilisation française. En règle générale, histoire et géographie sont au programme dans toutes les sections bilingues. En Bulgarie, des sections se développent aussi dans l’enseignement professionnel.

Les pays et les instances multilatérales francophones fournissent un effort important pour la promotion du français dans les PECO par le biais des jumelages27, de la coopération décentralisée ou de la coopération scolaire et universitaire. Les jumelages s’étaient développés durant la période communiste avec certains pays de l’Est (Pologne, Roumanie) dans le cadre d’échanges culturels puis, à partir de 1990, d’actions à caractère économique. Le soutien à la francophonie par le biais d’actions éducatives constitue toujours l’un des moteurs28 des nouveaux jumelages. La coopération décentralisée a été le fait d’associations comme Initiatives France-Hongrie, la Fondation France-Pologne ou Eurom avec la Roumanie. Dans le budget français, les PECO représentaient, en 2000, 27 % des crédits consacrés par le ministère des Affaires étrangères à la coopération décentralisée (Pologne et Roumanie, environ 7 % chacun, République tchèque, Hongrie, Slovaquie).

«Les enseignants de français se mobilisent aussi pour assurer la promotion en Europe de cette langue qu’ils enseignent et chérissent29«, se plaît30 à répéter Janina Zielinska. Cette Polonaise, directrice du Collège de formation des professeurs de français à l’université de Varsovie, est la vice-présidente de la Fédération internationale des professeurs de français, qui compte plus de 70 000 professeurs sur les cinq continents.

материал подготовил В. Александров

Résumette
Afin de trouver de nouvelles portes d’entrée pour agir à l’international, les pays de l’Europe de l’Est et centrale se voient accueillis par l’Organisation internationale de la Francophonie. Leur statut de membre ou d’observateur de l’OIF leur permet de développer plus aisément la coopération culturelle, économique, universitaire et scolaire avec un grand nombre de pays sur tous les continents.

 

Pour les débutants
La langue française regroupe les gens de différentes nationalités. Dans tous les pays, sur tous les continents, il y a des francophones (personnes qui parlent français). Pour aider les gens à communiquer et à coopérer, en 1970, a été créée l’Organisation internationale de la Francophonie qui compte aujourd’hui 55 Etats et gouvernements membres et 13 Etats observateurs. La décomposition de l’URSS au début des années 90 a donné à l’OIF de nouveaux membres – des pays de l’Europe centrale et orientale.

1 prééminence (f) — превосходство
2 souverain (m) — монарх
3 froisser — задевать
4 sensibilité (f) — (зд.) чувство
5 suprématie (f) — главенство
6 prépondérance (f) — преобладание
7 rogner — урезать, сокращать
8 à l’échelle de — в масштабе
9 tutelle (f) — опека
10 se désenclaver — выйти из изоляции
11 tirer son épingle du jeu — выйти сухим из воды
12 implanté — внедрённый
13 partie (f) intégrante — неотъемлемая часть
14 patrimoine (m) — наследие
15 partiel — частичный
16 véhiculer — передавать
17 négociations (f, pl) — переговоры
18 instances (f, pl) — административные органы
19 multilatéral — многосторонний
20 pluriannuel — многолетний
21 cursus — учебная программа
22 dispenser — предоставлять
23 filière (f) d’excellence — передовое направление
24 voire — (зд.) или даже
25 mis sur — (зд.) ориентированный на
27 jumelage (m) — установление побратимых связей
28 moteur (m) — движущая сила
29 chérir — лелеять, нежно любить
30 se plaire à — находить удовольствие в чём-либо

Sergey:
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