«Pondichéry c’est une fenêtre ouverte sur la France»
(Jawaharlal Nehru)
Pondichéry (en français) ou Pondicherry (en anglais) désigne à la fois un territoire autonome et une ville, la capitale du Territoire autonome de Pondichéry (ou Union territoriale de Pondichéry), ancienne capitale des établissements français de l’Inde, fondés peu après 1664. Ce n’est qu’en 1954 que Pondichéry a obtenu son indépendance de la France.
La légende relie Pondichéry au grand sage hindou Agastya1, qui aurait installé son ashram2 à cet endroit, à une époque védique3 très éloignée, comme le rappelle l’ancien nom de la ville — Vedapuri. L’enseignement du sanscrit4 a prospéré à Vedapuri, qui était le siège de l’université sanscrite au IXe siècle. Par la suite, la région devait tomber dans l’oubli jusqu’à l’arrivée des Français au XVIIe siècle.
Aujourd’hui, le territoire de Pondichéry bénéficie d’un statut particulier au sein de l’Union indienne, avec son propre gouvernement et son assemblée et englobe les morceaux épars5 des anciennes possessions françaises: Pondichéry, Karaikal, Mahé et Yanam.
La population du territoire était en 2001 de 808 000 habitants. Les langues officielles du territoire de Pondichéry sont le français, l’anglais, le malayalam6, le tamoul7 et le télougou8. Evidemment, l’une ou l’autre de ces langues officielles change selon la ville de résidence. En général, le français et le tamoul sont présents partout au point de vue administratif à Pondichéry, mais ce sont l’anglais et le malayalam à Mahé, le tamoul et le français à Karaikal, puis le télougou et l’anglais à Yanam.
Pondichéry, ce point minuscule sur la vaste côte Est de l’Inde, est une petite ville côtière endormie. Elle rappelle beaucoup le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Cet endroit a gardé un charme pittoresque du vieux monde, typiquement français. On y retrouve des avenues bien planifiées, des rues très nettes et des quartiers résidentiels blanchis à la chaux9, recréant les paysages méditerranéens du Sud de la France.
Quelle que soit la raison, à Pondichéry vous aurez toujours le plaisir de vous promener ou de vous baigner, d’apprécier différentes architectures, de méditer sur l’origine des temples, des mosquées10 et des églises plusieurs fois centenaires.
La jetée11 est devenue le lieu de promenade dominical12 des Indiens. Il reste l’ancien phare, les douanes, l’hôtel de ville et la statue de Gandhi qui fait face au monument aux morts, érigé en 1937, où se réunissent les 11 novembre et 8 mai les anciens combattants14. L’extrémité sud est surplombée par la statue de Dupleix, inséparable de l’histoire de Pondichéry. Nommé gouverneur en 1742, il a permis l’essor, puis la prospérité de la ville.
Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Pondichéry a été le premier territoire d’outre-mer à se rallier aux forces françaises libres. L’expression «Il est parti pour De Gaulle» s’emploie encore, et beaucoup de Pondichériens vouent un culte15 au Général. «Parfois, on regrette que Pondichéry ne soit plus français», avoue même l’un des anciens combattants.
La «ville blanche». Tel est le nom de l’ancien quartier français, situé à l’est du canal qui sépare la ville en deux (par opposition à la «ville noire», à l’ouest, autrefois peuplée par les autochtones, les tamouls). Encore peuplée d’une majorité de Français (expatriés et Indiens naturalisés français via la colonisation, les Franco-pondichériens), la ville blanche témoigne du patrimoine français : églises, hôtels particuliers, institutions… Depuis plus d’une décennie, restaurants, commerces, antiquités s’y ouvrent, souvent à l’initiative de Français venus s’installer à «Pondy».
Il faut flâner dans les rues pour en humer le charme colonial d’antan18. Ses maisons du XVIIIe, aux façades pastel — jaunes ou grises -, avec leurs colonnades à la grecque, leurs terrasses, leurs jardins débordant d’hibiscus19 et de bougainvilliers20 aux couleurs éclatantes… Un charme désuet21 auquel on succombe. Un lieu nostalgique aussi, à lire le nom des rues : Romain Rolland, Dumas, Saint-Louis, François Martin, La Bourdonnais, Goubert… Autant de noms qui ont marqué le passé français aux Indes. Il est à noter que beaucoup de rues portent encore des noms français à côté de noms anglais (Cathedral Street) ou carrément mixtes (Compagnie Street, Capitaine Marius Street, etc.). De même, l’alignement à angle droit des rues reste un héritage vivant des bâtisseurs français.
Le Pondichéry moderne est mieux connu par son centre spirituel fondé par Aurobindo Ghosh au début du XXe siècle. L’Ashram est un lieu intéressant situé dans la rue de la Marine. L’Ashram attirait des millions de gens du monde entier dans leur recherche pour la paix spirituelle et leur satisfaction intérieure. Une de ces personnes était Ma (mère) (née22 Marria Alfassa), qui, plus tard, devait prendre les rênes23 de l’Ashram et le développer en un centre de réveil spirituel. Le Samadhi de Shri Aurobindo et de Ma constitue le point central de l’Ashram. L’Ashram à l’heure actuelle fournit de l’emploi à des milliers de gens en fabriquant un grand nombre d’articles faits à la main et autres objets.
Imaginez-vous au square Jeanne d’Arc, entre l’église Notre-Dame-des-Anges et l’avenue Goubert, en fin de journée, à entendre une voix qui s’exclame : «Je tire et je pointe !». Eh oui, à Pondichéry, la pétanque, c’est sacré ! Pas moins d’une vingtaine de joueurs pondichériens (aussi français qu’indiens) ne manqueraient pour rien au monde ce rendez-vous quotidien. Ils jouent en plusieurs équipes. Certains s’entraînent pendant que d’autres comptent scrupuleusement les points. D’autres sont assis sur les bancs, à observer comment joue l’adversaire. Avec ses palmiers et son vent doux, sa vue sur l’église rose ocre, ce lieu respire l’atmosphère d’une place de village provençal.
La fenêtre est bien restée ouverte. La France n’est plus très loin…
Résumette
Le territoire de Pondichéry est une ancienne possession française en Inde dont une des langues officielles est toujours le français. Le chef-lieu du territoire situé sur la côte est de la péninsule indienne, rappelle beaucoup les paysages urbanistiques du Sud de la France : même organisation des quartiers, même architecture, même passe-temps favori des habitants.
1 sage hindou Agastya — Агастья, в ведийской мифологии мудрец-риши
2 ashram (m) — монастырь (в Индии), ашрам
3 védique — ведический, относящийся к эпохе вед, древних памятников индийской литературы
4 sanscrit (m) — санскрит, литературно обработанная разновидность древнеиндийского языка
5 épar — разбросанный, рассеянный
6 malayalam (m) — язык малаялам
7 tamoul (m) — тамильский язык
8 télougou (m) — язык телугу
9 chaux (f) — известь
10 mosquée (f) — мечеть
11 jetée (f) — мол; пирс
12 dominical — воскресный
14 ancien combattant — ветеран
15 vouer un culte à — преклоняться перед…
18 d’antan — прошедший, былой
19 hibiscus [-ys] (m) — гибискус, род растений семейства мальвовых
20 bougainvillier (m) — бугенвиллея, невысокое дерево или лазающий кустарник, лиана
21 désuet — устарелый, обветшалый
22 née — урожденная…
23 prendre les rênes — брать в свои руки, заправлять