Trop vite associé à sa fonction militaire, le parachutisme a été souvent considéré comme un exercice de commandos. Pourtant c’est un sport, périlleux et magnifique. Un sport pratiqué par des hommes et des femmes qui aiment le ciel et la liberté.
Le mot français «parachute» (de «parer» qui signifie «protéger contre» et «chute» — «le fait de tomber») existe aujourd’hui dans toutes les langues vivantes. Tout le monde s’y est habitué depuis longtemps et personne ne se pose la question pourquoi. Comment s’est-il fait que tous les parachutistes du monde entier aient choisi le terme français pour désigner leur dispositif de sauvetage? Est-il possible que ce soit les Français qui l’aient inventé, maîtrisé et répandu dans tous les coins de la Terre (ou du ciel)? Eh oui, mes amis. Le parachute, c’est un truc français!
Si des parasols ont été utilisés en Chine par des acrobates bien avant notre ère, il fallait toutefois attendre le XVIe siècle pour qu’apparaissent les premiers projets de parachutes. Léonard de Vinci (qui était d’origine italienne mais a vécu en France depuis 1517), a imaginé un premier ralentisseur de chute, de forme pyramidale à base carrée. Quoique son projet n’ait pas été réalisé durant plus de 200 ans, il a servi de base scientifique à d’autres risque-tout qui cherchaient à fabriquer un gadget leur permettant de descendre dans l’air.
En 1777, un criminel, Jean Doumier, a été condamné à la peine de mort, mais on lui a promis d’accorder la vie s’il essaye la «cape volante» du professeur Fontanges en se jetant du toit de la tour de geôle. C’est ce qu’il a fait et, resté vivant, il est devenu (fût-ce contre son gré) le premier essayeur du parachute.
Pour la première fois, le terme «parachute» a été utilisé en 1783 par Louis-Sébastien Lenormand pour désigner sa propre variante qu’il a exécutée avec plusieurs parasols et essayée lui-même à Montpellier.
Et enfin, le 22 octobre 1797, à Paris, André-Jacques Garnerin s’est jeté d’un ballon haut de 700 m et… il a atterri sain et sauf, porté par le premier parachute hémisphérique tel que nous le connaissons aujourd’hui.
A partir de 1912, le parachute a commençé à être utilisé en aviation. Au cours de la Première Guerre mondiale certaines escadrilles de chasse françaises ont été équipées de parachutes de sauvetage. Leur usage a été généralisé dès l’entre-deux-guerres.
Le parachutisme civil est devenu réellement indépendant en 1949, quand ont été créés les centres nationaux de parachutisme. Deux ans plus tard, c’est-à-dire en 1951, le premier championnat du monde a été organisé. Depuis, le parachutisme civil a connu un essor croissant. Ce sport aérien a obtenu ses lettres de noblesse et a constamment amélioré son matériel et son équipement. L’arrivée du parapente dans les années 1980 n’a fait que le populariser.
Le parachutisme comporte une douzaine d’épreuves de compétition, que l’on peut regrouper en quelques rubriques.
L’atterrissage de précision individuel ou par équipe s’effectue à l’issue d’un saut de 1000 m. Il s’agit de venir toucher un plot de 3-5 cm de diamètre au milieu d’une cible. Le résultat se calcule électroniquement au centimètre près.
La voltige est une chute libre de 2000 m pendant laquelle le sportif doit faire 6 figures imposées le plus rapidement possible. Après une prise de vitesse en piqué intégral, le voltigeur se regroupe pour démarrer sa série de tours et de saltos. Le jugement se fait à l’aide d’une vidéo sol. La voltige s’apparente au sprint car le temps des records mondiaux de l’enchaînement des 6 figures est situé en dessous de 7 secondes. La France est une des nations phares de la voltige avec le record du Monde détenu par Franck Bernachot (5,40 secondes) et le record mondial dans la discipline féminine détenu par Patricia Glanard (6,27 s).
Le vol relatif consiste à réaliser, en chute libre d’une altitude de 2750 m à 4000 m, des figures collectives imposées et chronométrées. Il y a presque 30 ans, il n’était pas concevable de rattraper quelqu’un en chute et de l’accrocher. C’était impossible et, par là même, dangereux.
Jacques Chalom, un jour, a accroché en chute son petit camarade de jeu. Arrivés au sol, ils ont raconté leur histoire, mais personne ne les a pris au sérieux. Le pari a été fait: le premier parachutiste devait quitter l’avion avec un bâton témoin et le second — quelques instants plus tard. Si le second se pose avec le témoin, on les croira. Ce qui a été dit, a été fait et le Vol Relatif était né. Depuis lors, des étoiles et des figures géométriques se forment dans le ciel par des équipes de 4, 8, ou 16 relativeurs, ou en grandes formations (plus de cent parachutistes actuellement).
En compétition de VR8, il faut faire un maximum de figures imposées dans un temps de 50 secondes. En règle générale, le départ de l’avion se fait à 4000 mètres. Dès la sortie de l’avion, le chronomètre démarre. C’est la vidéo qui permet de faire le jugement des sauts. Le jugement peut se faire en direct ou en léger différé dès que le vidéoman s’est posé et a remis sa bande au collège des juges.
La voile-contact, comme le vol relatif, se pratique en groupe mais à parachute ouvert. A 2000 m d’altitude les équipiers s’accrochent par les mains ou par les pieds à la voilure d’un partenaire. La compétition comprend quatre figures imposées, trois figures libres et une épreuve de vitesse pendant laquelle 8 parachutistes doivent se réunir dans un minimum de temps. A propos, le record mondial (27,39 secondes) appartient à l’équipe française.
Créé en 1978, le parapente ne s’est développé qu’à partir de 1986. Constitué de tuyaux où l’air pénètre, il permet d’élever, de stabiliser ou de réduire l’altitude selon la direction et la force du vent. Pratiqué en falaises et en haute montagne (parfois combiné avec le ski), le parapente permet un décollage sans avion et une durée de vol de plusieurs heures.
Enfin, le parachutisme ascensionnel est une discipline où le parachute, pour s’élever, subit la traction d’un bateau ou d’une automobile. Il existe également une épreuve d’atterrissage de précision dans ce domaine.
Le parachute, c’est un mot français. C’est aussi un sport français: depuis 1991, aux Championnats du Monde, la France a gagné 19 médailles d’or, 16 médailles d’argent et 9 médailles de bronze.
De plus, le record du plus grand nombre de sauts qui en totalise plus de 25000, est détenu par le parachutiste français Eric Fradet. Allez, la France!
Résumette
De tous temps, l’homme a cherché à conquérir de nouveaux éléments: l’océan, le désert, la montagne et enfin, le ciel. Le parachute a été inventé par Léonard de Vinci il y a 500 ans, mais c’est seulement à la fin du XVIIIe siècle que l’homme a su faire la preuve de sa réalité. Le parachutisme contemporain est un sport à plusieurs disciplines dont beaucoup sont pratiquées en équipes, et c’est l’équipe de France qui en est le leader mondial avec ses multiples records et victoires aux Championnats du Monde.