Рекомендована Отделом по культуре
Посольства Франции в России

Au Son de l’Heure Slave

Charlotte Urbain, 21 ans, étudiant le russe depuis trois ans aux Langues O (ou encore, l’Institut National des Langues et Culture Orientales, INALCO) à Paris. Depuis le mois d’octobre 2000, elle enseigne la littérature et les civilisations françaises à l’Institut Pédagogique de Togliatti. Exclusivement pour les lecteurs de Fran Cité, Charlotte confie ses impressions sur la culture russe qui se révèle tout à fait différente de celle de la France.

En acceptant de venir travailler comme professeur de français à l’Institut Pédagogique de Togliatti, la seule chose dont j’étais sûre, c’est que ma vie changerait du tout au tout. Voilà bientôt six mois que mon quotidien a été bouleversé et que je fais connaissance avec les mœurs, coutumes et traditions de ce pays. Ainsi vous décrire mes impressions est, j’avoue, très difficile de les nommer toutes, car chaque jour en est fourni de nouvelles, toutes aussi différentes les unes que les autres. Ma passion pour la culture russe vient sûrement du fait qu’elle se trouve bien souvent à l’opposé de notre culture française, si cartésienne1. La vie russe est, pour moi, une perpétuelle musique aléatoire2. J’ai remarqué, que bien souvent sur une même situation donnée un Français et un Russe réagiraient de deux manières complètement différentes. Au début, tout me paraissait extrêmement compliqué, et j’ai pu observer que mes compatriotes souffraient du même problème. Tandis que Descartes nous a enseigné la raison, Batiouchkov vous déclamait:

O mémoire du cœur ! tu es plus forte

Que la raison, la triste mémoire.

Petit à petit, j’ai appris cette manière de vivre, qui m’était inhabituelle. Au son de l’heure slave3, entourée de Russes avenants4, mon quotidien s’est calqué sur leur modèle pour mieux se mouvoir en dents de scie5; un jour blanc, un jour noir. Mes yeux, qui se sont accoutumés au décor, savent maintenant qu’ici rien n’est inaccessible, et que tout est possible. Je sais aussi qu’il faut savoir pousser les portes, et bien insister parfois, car certaines s’ouvrent lentement, en grinçant légèrement, pour mieux faire apparaître un monde de richesses inattendues. La Russie est une grande dame timide mais digne qui n’ose se montrer au premier venu. Elle dévoile ses beautés et secrets une fois assurée, que son visiteur est bien déterminé. Vous la rencontrerez, cachée derrière un voile vieux et poussiéreux, qu’il nous faut soulever. La Russie porte en elle une culture exceptionnellement riche, partagée entre l’occident et l’orient. Il est plaisant d’observer sa façon de s’ouvrir aux cultures extérieures, et de les intégrer à sa propre culture. Je remercie mes étudiants, ainsi que tous mes amis d’ici, qui n’oublient pas de me faire apprécier non seulement leur culture, mais aussi la mienne.

Charlotte Urbain

1 cartésien — основанный на принципах рационализма, картезианский
2 musique (f) aléatoire — алеаторика, музыка с элементами импровизации
3 au son de l’heure slave — на славянский лад
4 avenant — приветливый
5 en dents de scie — зигзагообразно (как зубья пилы)

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