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Le livre est le premier moyen de la communication de masse

Le livre est le premier moyen de la communication de masse

Le livre est le premier moyen de la communication de masse

Il y a dans le monde plus de 500 000 titres d’ouvrages publiés chaque année, qui viennent s’ajouter aux 40 millions de titres déjà existants. Rapporté au nombre d’habitants, ce chiffre, qui semble pourtant énorme, représente à peine un livre pour 20 000 habitants! D’une part, le livre est historiquement le premier moyen de la communication de masse. D’autre part, compte tenu d’un grand nombre de disparités1, son influence est très inégale. Il nourrit la vie intellectuelle de millions de personnes, mais le nombre des foyers2 où il ne pénètre jamais est encore plus important. Symbole de la civilisation de l’écrit, la diffusion de masse est aujourd’hui relayée3 par la presse, la radio, la télévision et le WEB. Chaque moyen nouveau semble chasser le plus ancien, pour toucher un nombre encore plus grand de personnes. Mais le livre reste une réalité bien vivante du monde d’aujourd’hui. Et les progrès techniques de ces cinquante dernières années — de la photocomposeuse4 à l’informatique pour imprimer moins cher et plus vite — permettent au livre, en améliorant sa diffusion, de demeurer le socle premier de toute culture.

Les débuts du livre

Bien avant d’être imprimé le livre existait déjà. «Le plus vieux livre du monde», un long rouleau de papyrus trouvé à Thèbes5, contenant des maximes et des préceptes6 de pharaons, date d’environ 2000 av. J.-C. Peu à peu, aux longues bandes de papyrus, de parchemin7 ou de tissu s’enroulant autour d’un noyau central en bois, en os ou en ivoire va se substituer, au début de notre ère, le codex, c’est-à-dire un ensemble de cahiers formés par la pliure d’une ou plusieurs feuilles et cousus les uns aux autres. Malgré les destructions immenses, ce sont par dizaines de milliers que de tels livres manuscrits nous sont parvenus, cela d’autant mieux qu’ils étaient souvent copiés à des centaines d’exemplaires.

L’imprimerie va permettre de donner au livre une diffusion sans précédent. Si les premiers livres — bibles, livres religieux, livres scolaires — sont seulement tirés à 100, 200, quelquefois 300 exemplaires, les tirages vont très vite augmenter et se multiplier: à la fin du XVe siècle, il y a une trentaine de milliers d’éditions et sans doute quelques 20 millions d’exemplaires de livres imprimés. La Foire de Francfort est déjà un lieu privilégié de ventes et d’achats; les premiers catalogues voient le jour et les colporteurs8 suppléent les libraires établis. Partout en Europe des centres s’établissent: à Cologne (1466), à Rome (1465), à Paris (1472), etc. Venise devient la capitale du livre. Virgile et les classiques latins sont imprimés, Aristote restitué dans sa langue, tandis que l’humanisme fait revivre toute l’Antiquité.

Vers une diffusion de masse

C’est à partir du XIXe siècle que le livre devient vraiment un moyen de communication de masse. Les tirages, qui n’étaient encore que de quelques milliers au XVIIe siècle, atteignent alors 100 000 exemplaires, et avec les feuilletons littéraires9 aux signatures célèbres (Honoré de Balzac, Alexandre Dumas), le livre fait une incursion dans la presse alors en plein développement.

Des moyens nouveaux d’imprimerie assurent tout à la fois la baisse des coûts et l’augmentation en nombre: l’offset (1904) utilise des procédés de nature photographique et la photocomposition (1953) procure des clichés photographiques du texte.Avec l’apparition des premières collections de poche, les tirages atteignent un million d’exemplaires.

Le livre de poche

C’est en 1953 que la maison d’édition Hachette lance la collection «le Livre de Poche». Plusieurs éditeurs français ont alors décidé de se regrouper pour diffuser ensemble un grand nombre de leurs titres dans un format maniable et à un prix réduit.

Le prix modique10 du livre est obtenu grâce à une politique de tirage élevé (de l’ordre de 30 000 exemplaires) et grâce à des simplifications techniques qui permettent des économies de fabrication (le livre n’est plus broché, son dos est simplement rogné11 et collé). Un effort particulier est fait en matière de diffusion, qui touche non seulement les librairies traditionnelles mais s’étend aussi aux maisons de la presse, aux bibliothèques de gare12 et aux grandes surfaces13 commerciales. Le «Livre de poche» se trouve partout.

Le succès est considérable, et pour certaines œuvres les tirages cumulés, de retirage en retirage, dépassent largement les 2 millions d’exemplaires. C’est le cas de la Peste d’Albert Camus, de Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry.

Aujourd’hui, de nombreuses maisons d’édition, utilisant leurs réseaux de distribution, ont lancé leurs propres collections de livres au format de poche: Gallimard avec la collection «Folio», Pion avec la collection «10 x 18» (allusion au format), Flammarion avec la collection «J’ai lu», le Seuil avec la collection «Points». Le passage en «poche» donne une seconde vie au livre et permet d’atteindre un public plus jeune.

L’image du livre

— Je t’ai acheté un livre, dit une jeune femme qui vient d’acheter un exemplaire du dernier prix Goncourt14 et qui l’offre à son ami.
— Ce n’était pas la peine, lui répond-il, j’en avais déjà un.

Sans doute l’humoriste exagère-t-il un peu. Mais des statistiques montrent que 4 Français sur 10 ne lisent aucun livre dans une année… C’est que le livre ne va forcément de soi que pour ceux qui s’y sont familiarisés dès leur plus jeune âge dans leur propre famille. De toute manière, l’image du livre est multiple:

  • Pour 76 % de personnes, c’est d’abord un moyen de détente et d’évasion.
  • Pour 38 %, c’est un instrument de culture.
  • Pour 20 %, c’est un moyen d’appartenance sociale.
  • Pour 5 %, c’est un instrument du travail scolaire ou professionnel.
  • Pour 3 %, c’est un complément des journaux et de la télévision.

Seulement 2 % de personnes font du livre une source de satisfaction esthétique.

1 disparité (f) — разнородность, неодинаковость
2 foyer (m) — зд. дом
3 relayer — заменять
4 photocomposeuse (f) — фотонаборная машина
5 Thèbes — Фивы, столица Древнего Египта. Разрушен в 663 г. до н. э.
6 précepte (m) — завет
7 parchemin (m) — пергамент
8 colporteur (m) — распространитель
9 feuilleton (m) littéraires — роман с продолжением
10 modique — умеренный, скромный
11 rogner — обрезать
12 bibliothèque (f) de gare — книжный, газетный киоск (на вокзале)
13 grande surface (f) — супермаркет
14 prix (m) Goncourt — приз литературной академии Гонкур, названной именем основателей братьев Эдмон и Жюль Гонкур

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