La place de la République

La place de la République

«C’est en un temps où il lui fallait se réformer ou se briser que notre peuple, pour la première fois, recourut à la République. Jusqu’alors, au long des siècles, l’Ancien régime avait réalisé l’unité et maintenu l’intégrité de la France. Mais, tandis qu’une immense vague de fond se formait dans les profondeurs, il se montrait hors d’état de s’adapter à un monde nouveau. C’est alors, qu’au milieu de la tourmente nationale et de la guerre étrangère, apparut la République. Elle était la souveraineté du peuple, l’appel de la liberté, l’espérance de la justice. Elle devait rester cela à travers les péripéties agitées de son histoire. Aujourd’hui, autant que jamais, nous voulons qu’elle le demeure.»

Charles de Gaulle. Discours prononcé place de la République à Paris, 4 septembre 1958.

Ce n’est que progressivement1 que la Place de la République est devenue un des carrefours les plus importants du centre de Paris.

Au Moyen Age, à cet emplacement2, s’élevait la Porte du Temple, percée dans l’enceinte3 de Charles V4 et délimitant les terres des Templiers. Après la destruction5 de l’enceinte médiévale en 1684, la Porte du Temple a disparu laissant place à un carrefour, croisement des rue et faubourg du Temple et des boulevards Saint Martin et du Temple.

En 1811, dans le cadre de l’aménagement6 du bassin de la Villette, Napoléon a doté ce carrefour d’une fontaine ornée de lions qui a donné son premier nom à la place, «Place du Château d’Eau». Après le percement du boulevard du Prince Eugène (actuel boulevard Voltaire), du boulevard des Amandiers (actuelle avenue de la République) en 1857 et du boulevard Magenta en 1859, la place s’est agrandie et s’est bordée de grands immeubles haussmanniens7. La fontaine devenue trop petite pour cet espace a été remplacée en 1867 par une autre (aujourd’hui, la première fontaine aux lions se trouve à l’entrée de la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette).

La proclamation de la IIIe République a appelé à un renouvellement du mobilier urbain8 pour y affirmer le triomphe de la République. Dès 1878, le Conseil municipal de Paris a proposé d’édifier sur la Place du Château d’Eau un monument à la gloire de la République. Le préfet Hérold, nommé en 1879, a approuvé cette initiative.

Le concours des projets a été lancé en 1880. Le groupe sculpté de Jules Dalou, sculpteur renommé et ancien communard récemment amnistié, est arrivé en deuxième position. Si Dalou n’avait pas participé à la Commune de Paris, qui sait, peut-être ce serait son chef-d’œuvre que verrions aujourd’hui au centre de la place de la République. Quoi qu’il en soit9 le groupe de Dalou a été acquis10 par la ville de Paris pour être érigé11 sur la place de la Nation.

Quant au concours, il a été remporté12 par Léopold Morice et son frère Charles. La fontaine colossale de la place du Château d’Eau a été donc déplacée sur la Place Félix Eboué, et un modèle en plâtre13 du monument des frères Morice – une statue de la République encadrée par des statues représentant les valeurs14 républicaines – a été installé sur la place (qui est devenue «Place de la République») le 14 juillet 1880. Le monument définitif y a été inauguré exactement trois années plus tard.

La statue en bronze de la République, haute de 9 mètres 50, repose sur un piédestal dont la hauteur dépasse15 15 mètres. La République est présentée comme une femme vêtue d’une toge à l’antique qui laisse apparaître un sein dénudé16, ceinte d’un baudrier17 et coiffée d’un bonnet phrygien18 qui laisse échapper sa chevelure. Sa main droite tend un rameau d’olivier19 symbolisant la paix tandis que son bras gauche prend appui sur les Tables de la Loi sur lesquelles on gravera par la suite «Droits de l’homme».

Les trois grandes statues de pierre qui se détachent du piédestal représentent la Liberté tenant des fers brisés20 et brandissant un flambeau21, l’Egalité tenant le drapeau tricolore et une équerre à niveau22, et la Fraternité entourée d’attributs agricoles et d’enfants en train de lire.

Le piédestal de pierre est ceint de douze bas-reliefs en bronze, reliés par des rosaces23. Ils représentent les évènements majeurs à l’origine de la naissance de la République, entre 1789 et 1880.

Un lion de bronze vert, de 3 mètres de hauteur (symbole de la force populaire), est couché au pied du monument devant une urne symbolisant le suffrage universel24.

Résumette
Elle correspond au bastion de la porte du Temple dans l’enceinte de Charles V, qui date du XIVe siècle. Ornée en 1811 de la fontaine du Château d’Eau, elle a pris sa physionomie actuelle sous le Second Empire, avec le percement du boulevard de Magenta et du boulevard du Prince-Eugène, aujourd’hui dédié à Voltaire. L’avenue de la République, pour sa part, n’a été percée que quelques années plus tard. En 1880, un concours, organisé pour l’installation d’un grand monument consacré à la République, a été remporté par les frères Morice. La cérémonie d’inauguration a eu lieu le 14 juillet 1883.

 

Pour les débutants
A Paris, sur la place de la République se dresse un grand monument symbolique. La grande statue bronze, c’est la République ; les trois statues blanches autour du piédestal symbolisent la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Le lion au pied du monument, c’est le symbole du peuple français. Il garde une urne qui symbolise le droit de chaque citoyen d’élire et d’être élu. Les douze bas-reliefs en bronze qui se trouvent en bas, représentent douze moments de l’histoire politique de France.

1 progressivement – постепенно
2 à cet emplacement – в этом месте
3 enceinte (f) – городская стена
4 Charles V le Sage – Карл V Мудрый (1338-1380), король Франции (1364-1380)
5 destruction (f) – разрушение
6 aménagement (m) – благоустройство
7 haussmannien – относящийся ко временам крупных работ по обустройству Парижа при правлении барона Османа, префекта Сены (1853-1870)
8 mobilier (m) urbain – городское оборудование (фонари, фонтаны, скамейки и т.д.)
9 quoi qu’il en soit – как бы то ни было
10 acquérir – приобрести
11 ériger – воздвигнуть
12 remporter le concours – победить в конкурсе
13 plâtre (m) – гипс
14 valeurs (f, pl) – ценности
15 dépasser – превышать
16 dénudé – обнажённый
17 baudrier (m) – портупея
18 bonnet (m) phrygien – фригийский колпак (символ свободы)
19 rameau (m) d’olivier – оливковая ветвь
20 fers (m, pl) brisés – порванные оковы
21 brandir un flambeau – размахивать факелом
22 équerre (f) à niveau – угольник с уровнем
23 rosace (f) – розетка (орнамент)
24 suffrage (m) universel – всеобщее избирательное право

Sergey:
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