Situé dans le quartier chic du 7-ème arrondissement de Paris, chef d’œuvre de l’architecture du XVII-ème siècle, l’Hôtel des Invalides occupe un important quadrilatère. Construit par Libéral Bruant de 1671 à 1676, puis par Mansart, il est l’un des monuments les plus prestigieux de Paris. Il abrite 4 musées: le musée de l’Armée, le musée d’Histoire Contemporaine, le musée de l’Ordre de la Libération, le musée des Plan-Reliefs.
Et Louis XIV créa l’Hôtel Royal des Invalides…
1670, aucune fondation n’existait pour abriter les soldats invalides sans ressources ayant combattu pour la France. Louis XIV, sensible au sort des militaires qui l’ont servi lors de ses nombreuses campagnes, décide alors de créer l’Hôtel Royal des Invalides, d’après les plans de l’architecte Libéral Bruant. La construction très rapide, permet à l’hôtel d’accueillir ses premiers pensionnaires dès octobre 1674.
Cependant, l’hôtel est loin d’être achevé dans la mesure où1 l’église n’est pas encore édifiée, la contrainte2 étant qu’elle accueille à la fois les soldats et la Cour.
Libéral Bruant, éprouvant à cet effet quelques difficultés, se voit remercié par Louvois3 — chargé de la réalisation du dessein4 royal — au profit de Jules Hardouin Mansart.
Trente ans plus tard, la construction de l’église du Dôme est enfin achevée.
Lieu absolument magnifique, l’hôtel royal devient, après l’inauguration du Dôme par Louis XIV, la promenade favorite des Parisiens ainsi que l’étape incontournable5 des souverains étrangers en visite à Paris. Tous admirent la beauté classique de ce lieu et sollicitent les pensionnaires reconnaissables à leur habit de drap bleu.
Dans ces lieux cohabitent plus d’un millier d’hommes mais cette cohabitation ne serait possible sans l’organisation militaire instaurée par Louis XIV et Louvois. L’Hôtel National est d’ailleurs assimilé6 à une place de guerre7 où les pensionnaires doivent se plier aux8 règles de l’exercice militaire ainsi qu’aux exigences religieuses.
Après des débuts difficiles, le succès de l’institution s’affirme. Conçu pour recevoir 1500 pensionnaires, l’hôtel accueille près de 6000 hommes entre 1676 et 1690.
De plus, les infirmeries sont copiées dans toute l’Europe et serviront de fondement au premier hôpital militaire dont rêvait Louis XIV. Sous la houlette9 du médecin chef Morand naît une nouvelle école d’anatomie et de médecine opératoire. Et c’est aussi aux Invalides qu’un certain Parmentier, plus connu pour ses travaux sur la pomme de terre était apothicaire. On peut d’ailleurs toujours y voir le laboratoire dans lequel il a commencé ses premières recherches sur la chimie alimentaire10!…
Bien que la Révolution ait commencé aux Invalides le matin du 14 juillet 1789 par le pillage de 32000 fusils entreposés dans les caves , l’Hôtel saura résister au courant dévastateur11.
En 1791, il sera rebaptisé12 par la volonté de la Constituante «Hôtel National des Militaires Invalides». Comme les autres monuments parisiens, l’hôtel perd ses emblèmes royaux et son église est dépouillée de ses attributs religieux pour devenir un «Temple de Mars». C’est dans ce lieu glacial que la toute nouvelle République va d’ailleurs se prosterner13 aux pieds des trophées conquis par les armées.
Mais la vieille institution retrouve son prestige grâce à Napoléon. Entre autres mesures, il fait effacer les outrages14 de la Révolution, rend l’église au culte, redore15 le Dôme et dote l’institution impériale d’un budget prélevé16 sur les salaires des militaires…
Comme il est d’usage d’inhumer17 les gouverneurs des Invalides sous le chœur de l’église des soldats, l’empereur choisit l’église du Dôme pour recevoir le corps de Turenne en 1800 puis le cœur de Vauban18 huit ans plus tard.
La Restauration19 n’apporte aucun changement. L’Hôtel des Invalides demeure le Panthéon des gloires militaires.
Le 15 décembre 1840, il reçoit les cendres20 de Napoléon Ier, les restes de l’empereur ne rejoignant le monumental sarcophage de porphyre — situé dans le Dôme — conçu par Visconti, que 21 ans plus tard. Sous le Dôme, se trouvent également les dépouilles de Jérôme Bonaparte (Roi de Westphalie), Catherine de Wurtemberg, sa femme, Joseph Bonaparte (Roi d’Espagne) ainsi que des héros de l’histoire militaire française tels Bugeaud, Foch, Leclerc…
Au lendemain de la défaite 1870, une nouvelle vocation est attribuée aux Invalides : alors que l’institution hospitalière décline, l’hôtel devient sanctuaire des armes en accueillant les pièces du musée Historique de l’Armée en 1896. Les deux institutions fusionneront21 pour devenir Musée de l’Armée. Ces collections viennent renforcer un premier musée créé par Louis XIV aux Invalides en 1776 avec l’ensemble des plans reliefs.
L’apport de nouvelles collections sous la III-ème République22 permet l’extension du musée mais ceci au détriment des soldats invalides.
L’institution de Louis XIV semble condamnée malgré la Grande Guerre (1914-1918). Pourtant l’Hôtel survivra.
Le 23 juin 1940, a lieu aux Invalides un évènement absolument inattendu. Hitler se recueille sur23 le tombeau de Napoléon. Il rend les cendres de l’Aiglon à la France.
Notons également que deux ans après cet évènement, en 1942, un réseau de résistance se réfugie au pied du Dôme. En effet, une filière d’évasion est organisée pour les aviateurs britanniques et américains tombés en Normandie. Cent trente pilotes transitent par les Invalides. La Gestapo découvre l’organisation le 5 juillet 1944.
Depuis, l’hôtel des Invalides a renoué avec sa triple vocation d’institution qui accueille toujours les anciens combattants blessés au service de la patrie, de Panthéon, des gloires militaires et de gardien de la mémoire historique de la France.
Les Dates
1670 — Louis XIV fonde les Invalides.
1706 — L’église des Invalides est inaugurée.
1776 — Le premier musée est créé par Louis XIV aux Invalides avec l’ensemble des plans reliefs.
1791 — L’ensemble est rebaptisé «Hôtel National des Militaires Invalides». L’Hôtel perd ses emblèmes royaux et son église est dépouillée1 de ses attributs religieux pour devenir un «Temple de Mars».
1800 — L’église du Dôme reçoit le corps de Turenne2. L’Hôtel des Invalides devient le Panthéon des gloires militaires.
1840 — L’Hôtel reçoit les cendres de Napoléon Ier, les restes de l’empereur ne rejoignant le monumental sarcophage que 21 ans plus tard.
1896 — L’hôtel accueille les pièces3 du musée Historique de l’Armée.
1940 — Hitler rend les cendres de l’Aiglon4 à la France.1 dépouiller — лишать; 2 Turenne — (1711 — 1775) маршал наполеоновской армии; 3 pièce (f) — (зд.) экспонат; 4 Aiglon — cын Наполеона I, король Рима, мимолетный император Франции Наполеон II.
1 dans la mesure où — в той степени, что
2 contrainte (f) — неловкость
3 se voit remercié par Louvois — Лувуа уволил его
4 dessein (m) — замысел
5 incontournable — неизбежный
6 assimilé — приравненный
7 place (f) de guerre — военное учреждение
8 se plier à — подчиняться
9 sous la houlette — под руководством
10 alimentaire — пищевой
11 courant (m) dévastateur — разрушительный поток
12 rebaptiser — переименовывать
13 se prosterner — падать ниц
14 outrages (m) — (зд.) следы надругательства
15 redorer — заново золотить
16 prélever sur — отчислять с
17 inhumer — предавать земле
18 Vauban — Sébastien Le Prestre de (1633-1707) военный инженер, маршал Франции
19 La Restauration — период вторичного правления Бурбонов (1814-1830)
20 cendres (f), restes (m), dépouilles (f) — останки, прах
21 fusionner — сливаться, объединяться
22 III-ème République — период республиканского правления с 1875 по 1940
23 se recueillir sur le tombeau — приходить поклониться на могилу