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L’exil fatal de Napoléon Ier

L'exil fatal de Napoléon Ier

L’exil fatal de Napoléon Ier

Comme chacun sait, Napoléon est mort à Sainte-Hélène le 5 mai 1821. En revanche, beaucoup ignorent où se trouve cette île perdue au milieu de l’océan. Immense muraille jaillie de l’Atlantique sud, à deux mille kilomètres des côtes africaines, et dépourvue d’aéroport, Sainte-Hélène demeure l’un des lieux les plus isolés du monde. Seul un navire la relie au reste du monde.

Sainte-Hélène, île d’exil

Le 14 octobre 1815 au soir, la vigie1 du Northumberland distingue une masse grisâtre à l’horizon. Voilà plus de deux mois que le vaisseau a quitté les côtes britanniques avec, à son bord, un prisonnier illustre, l’homme qui faisait trembler les royaumes d’Europe : Napoléon Bonaparte. Au lendemain du désastre de Waterloo, contraint de se rendre aux Anglais, l’empereur a accepté la déportation. Sur le pont du navire, avec la lorgnette d’Austerlitz2, il aperçoit Sainte-Hélène pour la première fois: cette immense muraille jaillie de l’océan sera sa dernière demeure. Il y restera près de six interminables années d’humiliations et de privations, avant d’être mort empoisonné, le 5 mai 1821.

L’Empereur Napoléon était retenu prisonnier au petit domaine Longwood. Quelques fidèles, pas toujours désintéréssés3, ont accepté de le suivre en exil et de partager sa réclusion4. Il y avait là, Emmanuel de Las Cases, suivi de son fils Emmanuel, âgé de 15 ans. Ils quitteront l’île le 30 décembre 1816. Nous trouvons ensuite le général comte de Montholon et le général comte de Bertrand, accompagnés tous deux de leurs épouses, ainsi que l’ancien aide de camp5 de l’Empereur, le général baron Gourgaud.

Napoléon Ier

Napoléon Ier

Le 14 Avril 1816, grand chambardement6 dans l’île : la frégate le Phaëton est en vue des cotes. A son bord, le nouveau gouverneur de l’île, sir Hudson Lowe et son état-major. Dès lors, les conditions de détention de l’Empereur vont se dégrader et un conflit permanent opposera les deux hommes jusqu’au cruel dénouement. Sir Hudson Lowe, militaire zélé7 et rigide appliquera à la lettre, les consignes de surveillance qui lui avaient été assignées par son ministère, poussant souvent leur interprétation bien au-delà de la pensée de son initiateur. Ses excès de zèle lui vaudront les inimitiés8 du captif et de sa suite, mais aussi des commissaires européens en poste sur l’île et représentant leur gouvernement.

Aujourd’hui, Longwood House est un musée qui reçoit de rares visiteurs grâce à un Français qui a choisi de s’exiler volontairement sur ce rocher. Il s’appelle Gilbert Martineau et, depuis 1960, il est consul de France à Sainte-Hélène. Passionnés d’histoire napoléonienne, son fils et lui ont élu domicile dans le domaine de Longwood, la résidence même de l’empereur ! Les deux hommes ont décidé de consacrer leur vie à la restauration des bâtiments occupés autrefois par le souverain déchu, soit vingt et un hectares concédés à la France par la Grande-Bretagne.

La maison a tout d’une coquette bâtisse de campagne. A l’intérieur, l’ombre de l’empereur plane encore : dans la salle de billard se trouve toujours la mappemonde en bois sur laquelle, de rage, il avait effacé avec son ongle l’emplacement de Sainte-Hélène. Quant au salon, il y rendit son dernier soupir, couché sur un lit de camp et sous le portrait du roi de Rome. En quittant le domaine de Longwood, on peut emprunter ce simple sentier qui descent vers une source où Napoléon aimait se retirer. Seul. C’est là qu’a été creusée sa tombe. Une tombe anonyme (le gouverneur Hudson Lowe a refusé d’inscrire le nom de » Napoléon » sur sa tombe), d’une simplicité terrible, plus émouvante que le monumental mausolée des Invalides, où il repose aujourd’hui.

Les projets de l’évasion

Si l’île de Sainte-Hélène a été choisie par les Anglais, ce n’était pas un hasard. En effet, cette île volcanique long de 16,5 km et large de 11 km avait de quoi dissuader tout prisonnier de s’en évader. Voilà la description de l’île du marquis de Montchenu, commissaire du roi Louis XVIII.

«C’est l’endroit du monde le plus isolé, le plus inabordable, le plus difficile à attaquer, le plus pauvre, le plus insocial9 et le plus cher. … Cette côte est hérissée10 de batteries. … On trouve des sentinelles partout. … Le service sur mer est encore plus sévère ; le port est gardé par la frégate Newcastle, stationnée à l’autre extrémité de l’île. Il y a deux bricks11, qui croisent constamment en vue et tournent continuellement sans jamais entrer dans le port. … Au soleil couchant, toutes les chaloupes doivent être rentrées, … et rien ne peut sortir après 5 heures, ni avant le lever du soleil.»

Comme on le voit, songer à s’évader de cette île si bien gardée relevait sans aucun doute de l’utopie. Et pourtant…

Le domaine de Longwood (Sainte-Hélène)

Le domaine de Longwood (Sainte-Hélène)

Conan Doyle dans l’une de ses nouvelles, imagine que des ingénieurs américains construisent un sous-marin avec lequel un fidèle de Napoléon ira enlever l’Empereur à Sainte-Hélène. Mais il arrive deux heures après la mort de Napoléon. Fable ? Pas sûr du tout. Un tel projet a vraiment existé. Une des inventions de Robert Fulton était un sous-marin qu’il a baptisé «Nautilus». Dès 1800, l’inventeur tentait sans aucun succès de le vendre au gouvernement français pour couler les bateaux anglais.

Néanmoins, l’Empereur a bien été sollicité12. Le comte de Montholon raconte dans ses mémoires :

Le 4 août 1816. On offrait à l’Empereur de le transporter en Amérique … au prix d’un million, qui ne serait payable qu’après son débarquement sur la terre d’Amérique. On se contentait de sa parole. … L’Empereur m’écouta avec l’apparence d’une profonde méditation ; fit en silence quelques pas dans sa chambre … ne discuta pas et se borna à me dire : — Refusez.

Le 10 juillet 1817, c’est l’Empereur lui-même qui avoua un nouveau projet:

«- On m’offre un projet d’évasion, me dit l’Empereur en m’indiquant sur la carte la route et les moyens proposés pour sortir de Longwood, gagner la côte et s’embarquer secrètement ; je pourrais être censé garder la chambre, le gouverneur est accoutumé à ce que je sois plusieurs jours sans sortir. … Et pendant que … lady Howe ferait la belle conversation sur moi, nous quitterions ce maudit pays.

A cette pensée l’Empereur se mit à rire en disant :

— J’ai encore quinze ans de vie, tout cela est bien séduisant13 ; mais c’est une folie, il faut que je meure ici, que la France vienne m’y chercher. Si Jésus-Christ n’était pas mort sur la croix, il ne serait pas Dieu.»

L’assassinat à petit feu14

Napoléon est-il mort empoisonné ? Cette question a longtemps mobilisé les historiens, les spécialistes de l’Empreur et d’éminents médecins. C’est Ben Weider qui a popularisé la thèse de l’empoisonnement de Napoléon. Ce businessman canadien, pionnier du culturisme et découvreur d’Arnold Schwarzenegger, fait jeu égal15 avec les meilleurs scientifiques.

Voilà plus de quarante ans que ce Montréalais, auteur de plusieurs ouvrages et président fondateur de la Société napoléonienne internationale, mène l’enquête.

Le masque mortuaire de l'Empereur Napoléon (Musée de l'Armée)

Le masque mortuaire de l’Empereur Napoléon (Musée de l’Armée)

Pour lui, aucun doute n’est possible: Napoléon est mort empoisonné à l’arsenic16 et non d’un cancer de l’estomac, comme le soutient l’immense majorité des historiens. Il se trouve que ce collectionneur possédait plusieurs mèches de cheveux prélevées sur son idole pendant l’exil. Il en a soumis plusieurs échantillons17 (coupés entre 1816 et 1821) au laboratoire nucléaire britannique de Harwell et au bureau de toxicologie du FBI américain. A chaque fois, les analyses ont présenté des taux d’arsenic anormalement élevés.

Récemment, les experts du groupe hospitalier du Havre ont confirmé l’assassinat à petit feu par de l’arsenic. » Pour avoir la preuve formelle, il faudrait exhumer le corps de l’Emprereur au Panthéon. Impossible d’envisager cette hypothèse. C’est un problème philosophique… »

Selon Ben Weider, l’intoxication à l’arsenic aurait duré cinq ans, de janvier 1816 à mars 1821.

L’assassin? Il ne peut s’agir que du comte de Montholon. D’abord, il est le seul à être resté auprès de l’Empereur du début à la fin. Ensuite, il était chargé de l’intendance18 à Longwood. C’est lui qui mettait en bouteille le vin sud-africain réservé à Napoléon : rien de plus aisé que d’y verser l’arsenic (commandé au gouverneur anglais Hudson Lowe pour lutter contre les rats!). Et puis, il y a tout le reste: les lettres prophétiques19 de Montholon («Il lui reste moins de six mois à vivre», annonce-t-il dès le 5 décembre 1820), ses lectures bizarres (l’un de ses livres de chevet était l’Histoire de la marquise de Brinvilliers, biographie d’une empoisonneuse à l’arsenic du XVII-ème siècle), etc.

1 vigie (f) — наблюдатель
2 Austerlitz — город в Моравии, возле которого Наполеон одержал победу над русской и австрийской армиями в 1805 году
3 désintéressé — бескорыстный
4 réclusion (m) — заточение
5 aide (m) de camp — адьютант
6 chambardement (m) — суматоха
7 zélé — ревностный
8 inimitié (f) — неприязнь
9 insocial — безлюдный
10 hérissé — ощетинившийся
11 brick (m) — бриг (боевой парусный корабль)
12 l’Empereur a bien été sollicité — К Императору много раз обращались с предложениями (совершить побег)
13 séduisant — соблазнительный
14 à petit feu — постепенно
15 faire jeu égal — играть на равных
16 arsenic (m) — мышьяк
17 échantillon (m) — образец
18 intendance (f) — заведование хозяйством
19 prophétique — пророческий

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