L’Incorruptible
L’Incorruptible
La vie de Maximilien Robespierre a été à la fois courte et très dense. Le protagoniste de la Révolution Française, il a planté dans les cœurs des hommes l’idée de la Liberté. Reconnu comme l’Incorruptible1, il a changé le cours de l’histoire en luttant, non pas avec l’épée mais par la parole pour la libération de la France du régime absolutiste2. Respecté pour défendre, à tout prix, ses principes, il a fait de la Révolution sa propre vie.
Robespierre est né le 6 mai 1758 à Arras. Sa mère meurt et il reste orphelin à sept ans. Il passe une enfance et une adolescence studieuses. A vingt-deux ans il termine brillamment ses études au collège parisien Louis-le-Grand avec un certificat de bonne conduite, une gratification3 et une licence en droit. Il devient avocat et rétablit sa position sociale à Arras. Ses plaidoiries4 sont appréciées et il est accepté dans la bonne société. A l’époque, il fait une visite à Jean-Jacques Rousseau qui produit une grande influence sur lui.
Après la prise de la Bastille, le roi impuissant devant cette situation appelle les représentants du Tiers état5 à Versailles. De la ville d’Arras, arrive un avocat inconnu de 28 ans nommé Maximilien Robespierre. A ce moment, il prévoit les événements qui changeront l’histoire de la France et du monde: la lutte pour la Liberté!
«L’individu — ou la nation — qui n’est pas maître de lui-même, devient fatalement esclave de l’autre.»
En avril 1790, Robespierre devient le président du club des Jacobins6 qui sera la société des partisans de la révolution populaire et c’est là qu’il obtient sa notoriété. Alors sa vie se confond avec la Révolution.
La Convention, la première assemblée élue au suffrage universel7 en septembre 1792, vote la suppression de la royauté. Robespierre se prononce en faveur de la mort du roi sans procès : son exécution est pour lui une mesure de salut public.
«Louis XVI ne peut être innocent sinon c’est la révolution qui est en accusation.»
Au mois de juin 1793, la chute des Girondins (groupe des députés défenseurs de la bourgeoisie éclairée) au profit de l’opposition montagnarde (les députés révolutionnaires des gradins8 les plus élevés de la Convention), le porte enfin au pouvoir. La popularité de Robespierre devient quelque chose d’extraordinaire.
L’arrestation de Robespierre le 9 thermidor (27 juillet 1794)
«La terreur est moins un principe particulier qu’une conséquence du principe général de la démocratie appliquée aux plus pressants10 besoins de la patrie.»
De l’été 1793 à l’été 1794, 2 639 «suspectés» sont envoyés à la guillotine. Des exécutions en masse ont lieu à Lyon et à Vendée. Durant cette période, on tue 40 000 «ennemis de la révolution», moins des aristocrates que de simples citoyens.
Au début de 1794, Robespierre devient le véritable chef du gouvernement. Les Montagnards ne peuvent plus s’entendre entre eux. Robespierre accuse Danton et Hébert (autres chefs des Jacobins) de trahir la République, d’être payés par les ennemis et les fait condamner (ainsi que leurs partisans) à mort et exécuter. Les camarades guillotinés, Robespierre se trouve l’unique maître de la France. La Convention vote sans discussion les lois qu’il prépare.
L’Incorruptible lutte contre la tendance athée11 de l’époque bien qu’il soit très hostile aux catholiques. La Convention décrète l’existence de l’Etre Suprême et celui de l’immortalité de l’âme.
Alors arrive le Thermidor (19 juillet — 17 août 1794). De nombreux Français sont fatigués de la Terreur et veulent y mettre fin. Les députés dont Robespierre demande l’exécution s’unissent et obtiennent son arrestation lors de laquelle un gendarme lui fracasse12 la mâchoire d’un coup de pistolet. Finalement l’Incorruptible meurt sous la guillotine le 10 thermidor (28 juillet 1794). Les clubs radicaux sont interdits. On fait la chasse aux Jacobins. La révolution populaire est terminée.
1 incorruptible — неподкупный
2 régime (m) absolutiste — абсолютистский режим, при котором все рычаги власти находятся у главы государства
3 gratification (f) — денежная премия
4 plaidoirie (f) — защитительная речь
5 Tiers état (m) — третье сословие
6 Jacobin (m) — (здесь) якобинец, радикальный сторонник народной революции
7 suffrage (m) universel — всеобщее избирательное право
8 gradin (m) — ряд скамей (в амфитеатре)
9 mettre à l’ordre du jour — поставить на повестку дня
10 pressant — неотложный, насущный
11 athée — атеистический, безбожный
12 fracasser — раздробить
