Le rideau est tombé dimanche sur le Mondial 2006, livrant une finale pleine de frustration et de regrets pour la France mais également quelques raisons d’espérer en l’avenir.
La génération Zidane s’en est allée dans les larmes et la disgrâce de son héros, dont le tempérament imprévisible l’a une nouvelle fois emporté sur son génie incontestable. son dernier geste effectué sur un terrain de football a provoqué sa triste sortie prématurée du football mondial : sur un carton rouge, après un violent coup de tête en pleine poitrine de l’Italien Marco Materazzi.
La victoire de l’Italie (5-3 aux tirs au but4) devrait longtemps rester dans la mémoire collective comme une flagrante5 injustice au vu d’un match que les Français ont largement dominé.
La France va désormais jouer sans son Zizou et surtout sans se dire qu’il pourrait revenir quand des jours de disette6 ne manqueront pas de se présenter.
Les Bleus pourront retenir, en s’inspirant de l’Italie, qu’une finale de Coupe du Monde, cela se gagne avec tous les armes à sa disposition et non pas seulement avec du talent et du courage.
Le coach7 français Raymond Domenech, plusieurs fois prêt à pleurer lorsqu’il était obligé à rester sur le terrain pour assister au sacre8 de ses adversaires, n’a voulu retenir que la déception de ne pas avoir gagné.
Si l’on fait abstraction de la finale, la France a réussi un parcours remarquable dans cette Coupe du Monde.
La comparaison est certainement difficile mais ce que les Français ont accompli en Allemagne est peut-être plus fort que ce qu’ils avaient réussi en France en 1998. D’abord parce qu’ils ont réussi à définitivement chasser les fantômes qui les hantaient9 depuis le désastre de 2002 et qu’ils ont fait preuve de ressources mentales insoupçonnées10 après le demi-échec de 2004.
Ensuite parce que cette équipe, que tout le monde croyait rattrapée par l’âge avancé de ses cadres, a réussi à renaître de ses cendres, à retrouver une seconde jeunesse pour se bâtir une histoire improbable11.
L’incompréhension était le sentiment le plus largement répandu après les matches nuls concédés12 face à la Suisse et la Corée du Sud au premier tour.
L’admiration était de rigueur, une fois franchi l’obstacle du Togo et débutés les matches à élimination directe13.
Les victoires sur l’Espagne, le Brésil qui n’était pas tout à fait lui-même, puis le Portugal ont donné aux Bleus une identité dont ils devront se servir dans un avenir proche.
La génération Zidane qui s’en va emporte avec elle des joueurs aussi précieux que Thuram, Barthez ou Makelele.
«Il va falloir apprendre à se débrouiller sans eux. Mais Zizou, Claude et Tutu, il faut d’abord leur dire merci, car s’ils n’étaient pas revenus, il n’y aurait pas eu de Français en finale ce soir», a déclaré Willy Sagnol au sortir des vestiaires14 du stade de Berlin.
Toute la question est de savoir si les Willy Sagnol, Patrick Vieira, William Gallas, Alou Diarra, les Lyonnais Eric Abidal et Florent Malouda ou encore Franck Ribéry peuvent devenir les dignes dépositaires de cet héritage.
L’idée maîtresse qui s’est imposée au cours des sept semaines qu’ils ont passé ensemble était que les ego15 devaient être mis de côté et que la solidarité restait une valeur maîtresse, sinon fondatrice.
«J’avais une conviction. Je savais ce dont cette équipe était capable», a affirmé Domenech, dans un accent de sincérité. Sur son avenir, le stratège français s’est montré d’une remarquable discrétion, hormis16 qu’il part en vacances bientôt. Dans moins de deux moins débute une nouvelle aventure : celles des qualifications pour l’Euro 2008 avec comme adversaire, l’Italie, championne du monde.
C’est plus qu’un défi qui se dresse sur la route de l’équipe de France.
L’équipe de France au balcon de l’hôtel Crillon le 10 juillet 2006, saluée par leurs supporteurs Zinédine Zidane a remporté le Ballon d’Or récompensant le meilleur joueur du Mondial-2006 de football au lendemain de son triste départ en retraite. Ce trophée s’ajoute à une longue liste de distinctions individuelles (Ballon d’Or France Football 1998, meilleur joueur mondial FIFA 1998, 2000, 2003) et un palmarès impressionnant avec la Coupe du monde 1998, l’Euro-2000 ou la Ligue des champions 2002.
Le meilleur joueur est en effet désigné par les journalistes accrédités pour suivre la XVIIIe édition de la Coupe du Monde. Les précédents lauréats de ce trophée ont été le gardien allemand Oliver Kahn (2002), les attaquants brésiliens Ronaldo (1998) et Romario (1994), l’attaquant italien Salvatore Schillaci (1990) et l’Argentin Diego Maradona (1986).
Le 10 juillet, Jacques Chirac a accueilli la délégation de l’équipe de France aux palais de l’Elysée. Le chef de l’Etat a fait un bref discours pour témoigner de son admiration pour le parcours de la France durant le Mondial.
« La France vous aime et vous admire. Vous nous avez fait vivre des moments inoubliables. En amenant la France une deuxième fois en huit ans en finale de la Coupe du Monde, vous nous avez donné un immense bonheur et une immense fierté. Vous avez joué hier contre l’Italie un match exceptionnel de talent et de solidarité. La victoire se joue peu de choses. Je mesure votre tristesse et votre déception. Mais nous sommes très fiers de vous. Vous avez fait honneur à la France. Vous avez montré des qualités exceptionnelles durant cette Coupe du Monde.
Cher Zinédine Zidane, au moment le plus intense peut-être, le plus dur de votre carrière, je voulais vous dire l’admiration de la nation toute entière. Vous êtes un virtuose, un génie du football mondial. Vous êtes aussi un homme de cœur et de conviction. C’est pour ça que la France vous admire et vous aime.
Un hommage légitime et mérité à Raymond Domenech, formidable architecte du parcours des Bleus. Je voudrais dire à ceux, parmi les 23, qui n’ont pas eu l’occasion de jouer que nous connaissons leur talent et qu’à leur manière, ils ont contribué au parcours de la France. De nouveaux défis et succès vous attendent. Vous avez tous les talents pour accrocher une deuxième étoile à notre maillot national. Au-delà de l’exploit, vous avez démontré à la France qu’elle est forte quand elle est rassemblée dans sa diversité. Bravo à tous pour cette magnifique performance. »
D’après la presse française du 10 juillet 2006
Résumette
Si l’on fait abstraction de la finale, la France a réussi un parcours remarquable dans cette Coupe du Monde 2006. Ce que l’équipe de France a accompli en Allemagne est peut-être plus fort que ce qu’elle avait réussi en France en 1998. D’abord parce que les Français ont définitivement chassé les fantômes qui les hantaient depuis les échecs de 2002 et de 2004. Ensuite parce que cette équipe, que tout le monde croyait rattrapée par l’âge avancé de ses cadres, a réussi à renaître de ses cendres, à retrouver une seconde jeunesse pour se bâtir une histoire improbable.
1 frustration (f) – фрустрация, т.е. состояние психики, возникающее у человека в результате осознания крушения надежд, невозможности достижения поставленных целей
2 disgrâce (f) – немилость, опала
3 l’emporter sur – взять верх над чем-л
4 tirs (m, pl) au but – серия послематчевых пенальти
5 flagrant – явный, очевидный
6 disette (f) – недостаток, нехватка
7 coach (m) – тренер
8 sacre (m) – (зд. перен.) коронация
9 hanter – преследовать
10 insoupçonné – вне всяких подозрений
11 improbable – невероятный
12 concéder – уступать противнику очко
13 matches (m, pl) à élimination directe – матчи на вылет
14 vestiaires (m, pl) – раздевалка
15 ego (m, pl) – (зд.) личные амбиции
16 hormis que – кроме того, что