Poursuivant le voyage alphabétique à travers le monde francophone, il se trouve impossible de contourner le plus vaste pays du monde après la Russie, le Canada. La contrée qui par la diversité des paysages et des climats confisque pour longtemps l’imagination d’un voyageur.
Trois océans, des millions de lacs, de vastes plaines, une forêt vierge, les Rocheuses, les rives du Saint-Laurent, et quatre saisons bien définies : ce don des dieux suffirait pour faire un grand pays. Ajoutez-lui une âme façonnée par trois mille ans de cultures amérindienne, gréco-latine et occidentale, et vous avez le Canada, une des heures étoilées de l’histoire du monde.
L’histoire du Canada a été commencée par le fameux marin français Jaques Cartier qui était parti à la recherche d’un passage vers l’Asie par le Nord du Nouveau Monde et a terminé par découvrir le pays d’érable dont il a pris la possession au nom du roi de France en 1534. A cette époque le pays se nommait La Nouvelle-France et comprenait Québec et l’Acadie. L’histoire tragique de cette dernière est racontée dans un long poème, Evangeline, de l’écrivain américain Henry Longfellow à travers une histoire d’amour. Il s’agit de la déportation, en 1755, de la majorité de la population francophone, dont les délégués avaient refusé de prêter serment d’allégeance au roi d’Angleterre. Les conflits entre les Français et les Anglais s’éclataient depuis 1690 et ont abouti à la perte par la couronne française de toutes les terres canadiennes. En 1763 la France a cédé tout le Canada à l’Angleterre. La possession britannique d’une manière ou d’une autre reste actuelle jusqu’au présent. Aujourd’hui le Canada est une monarchie constitutionnelle et une confédération, membre du Commonwealth (Fédération des nations unies par l’allégeance à la Couronne britannique), qui comporte 10 provinces et 2 territoires. Le chef du pays est le Gouverneur général, représentant de la Couronne.
LE CANADA EN GRAND
- La Transcanadienne, qui relie en 7 821 km St. John’s (Terre-Neuve) à Victoria (Colombie-Britannique) est la route la plus longue du monde.
- Il tombe environ 40 millions de tonnes de neige sur Montréal chaque hiver, ce qui en fait la métropole la plus enneigée du monde. Coût du déneigement: 45 millions de dollars par hiver.
- Avec 4 600 km du nord au sud et 5 500 km d’est en ouest, le Canada est le plus grand pays de l’hémisphère occidental, occupant 7 % de la surface de la terre sur six fuseaux horaires.
- Les trois-quarts des exportations canadiennes vont aux Etats-Unis qui en retour fournissent au Canada les trois-quarts de ses importations. Les plus grands partenaires commerciaux sur la planète.
- 177 scientifiques et techniciens pour 1 000 habitants : c’est plus de deux fois la moyenne des pays industrialisés et huit fois la moyenne mondiale.
- Ressources naturelles : premier producteur mondial de zinc et d’uranium, deuxième producteur de cobalt, de nickel et d’amiante, premier exportateur de produits forestiers, le Canada possède également les Associations de protection de l’Environnement les plus vigilantes du monde.
La peu nombreuse population du Canada (malgré l’immensité du pays, la population est à peine égale à la moitié de celle de France) est divisée en deux groupes. Les peuples autochtones (selon la Constitution, seuls les Indiens, les Métis et les Inuit ont droit à ce terme) ont fait récemment leur apparition dans le débat constitutionnel canadien en rappelant aux Peuples fondateurs (les Anglais et les Français) leurs droits sur des territoires dont ils étaient les premiers occupants. Les autochtones vivent pour la plupart dans des régions rurales ou éloignées et gardent leurs traditions anciennes.
La fameuse querelle linguistique entre l’Est du Canada (Québec) et l’Ouest (provinces anglophones) a un peu perdu sa tension les derniers décennies. En 1969, sous l’impulsion de Pierre Elliot Trudeau alors Premier ministre, le Canada devint un pays bilingue, officiellement…
Toutes les lois, tous les textes émanant du gouvernement fédéral sont rédigés dans les deux langues officielles : l’anglais et le français. Toutefois, seulement 16% des Canadiens peuvent s’exprimer dans ces deux langues.
Montréal
Un siècle après la découverte du Canada, Paul de Chomedey, le sieur de Maisonneuve a fondé la colonie Ville-Marie. C’était en 1642. Elle prend plus tard le nom de Montréal.
Métropole de plus de 3 millions d’habitants (45 % de la population du Québec), Montréal est une île. Une île entre deux rives, celles du Saint-Laurent, entre deux langues — 1/3 des habitants ont l’anglais comme langue maternelle et l’on peut vivre à Montréal sans parler le français -, entre deux mondes, l’Europe et l’Amérique, à moins que ce ne soit le contraire.
Capitale culturelle du Canada, vitrine du Québec, 2ème ville francophone du monde, ville aux cents clochers, ville mosaïque, ville postmoderne par excellence, ville du «fun» et de la fureur de vivre … Les guides touristiques regorgent de qualificatifs lorsqu’il s’agit d’évoquer Montréal. Montréal, c’est tout cela et un peu plus … la neige d’hiver, les ponts en toute saison, les Canadiens au hockey, les Expos au base-ball, le campus de l’Université McGill, le parc du Mont-Royal …
Et puis, Montréal est une ville qui rit… Si le rire est le propre de l’homme, le Montréalais est, à n’en pas douter, un homme, un vrai. Car dans quelle autre ville trouve-t-on : un festival mondial de l’humour (au succès populaire considérable), un musée du rire et de l’humour, et une école de l’humour…, où l’on peut apprendre, entre autres, le français par le rire?…
Pour finir notre petit tour de Canada, il faut rappeler l’érable, dont la feuille est le symbole de ce beau pays. Les Canadiens en préparent le sirop sucré (très) qui agrémente toute sortes de plats (des fèves au lard aux «queues de castor» en passant par les saucisses grillées).
Le français québécois
Les francophones du Québec affirment qu’ils ne parlent pas le français standard ni celui de Paris, mais le québécois. Un langage qui ne renonce pas à certaines de ses tournures sous prétexte qu’elles ne sont pas employées à Paris ou à Bruxelles, ou qu’elles sont «archaïques», qui ne renonce pas à son accent, pas plus ridicule que celui de Franche-Comté, d’Alsace, de Flandre, du Valais ou de Paris, qui ne cède pas devant les tentatives d’intimidation des professeurs ou des bureaucrates de la langue, et pas plus devant les pressions du voisinage anglais, et ne nie pas les apports étrangers dont toutes les langues sont faites, pas plus que les mots que les Québécois se sont forgés pour dire leur réalité. Il est plus beau de dire de deux personnes qu’elles sont «accotées» plutôt que de raconter qu’elles vivent en concubinage, une femme «en famille» n’est pas moins belle qu’une femme enceinte, les «aubaines» sont aussi avantageuses que les soldes, la «fesse» pas moins savoureuse que le jambon. On ne traduira pas «avoir du fun» par avoir du plaisir, même si c’est ce que dit le dictionnaire, ni «bicycle à gaz» par vélomoteur et encore moins «musique à bouche» par harmonica.
LE HOCKEY
Le sport national. Dans ce pays où l’on apprend à patiner avant de marcher, le maniement de la rondelle (puck) éveille les vocations, dès la sortie du berceau (monté sur patins parfois). Aux 450 000 licenciés en équipes de ligues, il faut ajouter les milliers de pratiquants — et pratiquantes — plus ou moins alertes, qui profitent du moindre «rink» — patinoire en plein air — pour imiter Wayne Gretzky ou Mario Lemieux, leurs idoles de la Ligue professionnelle. A noter que, si la Ligue Nationale de Hockey (LNH) comprend une majorité d’équipes américaines, les joueurs canadiens y sont les plus nombreux et les plus talentueux. Les salaires des «stars» atteignent des sommes considérables (plusieurs millions de dollars par année).