A l’aube du XXIe siècle, le monde connaît de profonds bouleversements politiques, économiques, technologiques et culturels. Pour rester présente et utile, la Francophonie doit s’adapter à cette mutation historique.
Charte de la Francophonie, préambule
Le français dans le monde
«Le français continuera à vivre, non parallèlement, mais à côté et de manière tangente1, bras dessus, bras dessous, avec les langues nationales.»
Henri Lopes, écrivain congolais.
D’après les statistiques, le français est la première langue pour plus de 112 millions de personnes et est parlé occasionnellement par une soixantaine de millions d’autres. Le français se place ainsi en neuvième position après les langues des principaux groupes de population et surtout derrière l’anglais, principale langue véhiculaire2 et langue maternelle de 594 millions de personnes.
En effet, la langue française n’est pas utilisée de la même façon partout, et l’on peut distinguer différents niveaux de son emploi :
a) les pays où la langue française est maternelle et officielle :
En France, en Belgique francophone, en Suisse romande3, au Luxembourg, à Monaco, en Andorre, au Québec et dans les territoires d’outre-mer.
b) ceux où la langue française est la seule langue officielle :
Au Bénin, au Burkina-Faso, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Gabon, en Guinée, au Mali, au Niger, en République Centrafricaine, au Sénégal, au Tchad et au Togo.
c) ceux où le français partage le statut de langue officielle avec une autre langue :
Au Canada, au Burundi, au Cameroun, aux Comores, à Djibouti, à Madagascar, au Maroc, en Mauritanie, au Rwanda, aux Seychelles, en Tunisie et au Zaïre.
d) ceux où la langue d’enseignement est le français :
Il reste la langue de l’enseignement en Algérie, dans certains pays du Moyen-Orient, de la péninsule Indochinoise et de l’Amérique du Sud. Il conserve un statut officiel local dans la vallée d’Aoste, dans l’île de Jersey, en Louisiane et à Pondichéry.
La francophonie
«Nous acceptons comme francophones tous ceux qui sont ou semblent destinés à rester ou à devenir participants de notre langue.»
Onésime Reclus, géographe du XIXe siècle.
En 1880 sous la plume du géographe français Onésime Reclus naît le mot «francophonie» qui désigne l’ensemble des personnes pouvant s’exprimer en français à des titres divers («francophonie» sans majuscule) et la structure institutionnelle qui rassemble les pays «ayant le français en partage4» au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie («Francophonie» avec une majuscule).
Au XVIIIe siècle, à l’apogée de sa gloire et de son influence mondiale, le français était l’unique langue de la diplomatie internationale. Pourtant la décolonisation a mis la fin à son rôle prépondérant5 dans le monde. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, l’éclatement6 de l’empire colonial a redonné à la langue française son prestige. C’est autour des Etats africains, devenus indépendants, que s’organisait la francophonie. Celle-ci a été animée par des hommes qui, après avoir utilisé le français comme une arme pour lutter contre la colonisation, s’en sont servi comme base d’un nouveau type de relations avec la France et le monde francophone.
Dès le début des années soixante du XXe siècle, des personnalités issues des anciennes colonies françaises comme Hamani Diori (Niger), Habib Bourguiba (Tunisie), Norodom Sihanouk (Cambodge) et Léopold Sédar Senghor (Sénégal) ont proposé de regrouper les pays nouvellement indépendants, désireux de poursuivre avec la France des relations fondées sur des affinités7 culturelles et linguistiques.
En 1969, s’est tenue la première conférence des Etats francophones à Niamey. En 1970 a été créée l’Agence de coopération culturelle et technique ( ACCT ). La charte créant l’agence a été signée par 21 pays, le 20 mars 1970.
Les Sommets Francophones
«Oui, j’ai une patrie : la langue française.»
Albert Camus, Carnets, éditions Gallimard.
En 1984, a été fondé le Haut Conseil de la francophonie et lancée la chaîne internationale câblée TV5. La communauté francophone a atteint enfin sa maturité en 1986 avec l’ouverture du premier Sommet Francophone. Ces Sommets rassemblent tous les deux ans les chefs d’Etat ou de gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie.
Instance suprême8 de la Francophonie, le Sommet, définit les grandes orientations politiques de la Francophonie et confirme les grandes lignes9 de la coopération pour les années à venir de manière à assurer son rayonnement dans le monde et à en satisfaire ses objectifs.
Le dernier (Xe) Sommet a eu lieu le 26-27 novembre 2004 à Ouagadougou (Burkina-Faso). Il avait pour thème «La Francophonie, un espace solidaire pour un développement durable». Le XIe Sommet se tiendra en 2006 à Bucarest (Roumanie).
La Journée internationale de la Francophonie
«La Francophonie n’est pas une langue, mais une civilisation capable d’assurer l’avenir du monde.»
André Malraux, ministre français de la Culture, 1976.
Tous les ans, des francophones et des francophiles des 5 continents célèbrent la Journée internationale de la Francophonie. Le 20 mars (rappelons, que c’est la date de la signature à Niamey du traité portant sur la création de l’ACCT), c’est une journée de fête et une occasion pour célébrer la langue française. La célébration de cette journée donne lieu durant tout le mois de mars à de multiples manifestations dont une est la Semaine de la langue française et de la francophonie.
Lancée en 1996, c’était à l’origine une manifestation française organisée à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication et le ministère des Affaires étrangères. Au cours de cette semaine, chacun est invité à fêter la langue française, à lui témoigner son attachement en mettant en avant sa richesse, sa diversité et sa vitalité. A partir de 1999, l’opération «décolle10» réellement avec l’inauguration du Concours international des dix mots.
Pourquoi dix mots ? La sélection de ces 10 mots est confiée à 10 personnalités francophones (intellectuels, scientifiques, artistes…) connues pour leur travail dans la sphère relevant du thème retenu.
Les mots constituent une langue, ils ont chacun leurs sens, leur histoire, certains apparaissent, d’autres se font plus rares. Ils sont en quelque sorte le reflet d’une société, mais aussi de l’imaginaire de chacun. Derrière un mot se cache une infinité de représentations: des idées, des images, des sensations…
Cette année la Délégation générale à la langue française et aux langues de France a porté une attention particulière au » français, langue de l’aventure scientifique » à l’occasion du centenaire de la disparition de Jules Verne. En effet, cette année, des hommes et des femmes de sciences francophones ont proposé 10 mots aux sens multiples et en rapport avec la science :
ondelette11, variation, complexité, élémentaire, cristal, miroir, désenchevêtrement12, rayonnement, hélice13, icône.
Résumette
L’organisation internationale de la Francophonie regroupe les pays des 5 continents où la langue française est maternelle, officielle ou la langue d’enseignement. L’opérateur principal de cette organisation (l’Agence intergouvernementale), a été créé le 20 mars 1970 ce qui a donné naissance à la tradition de célébrer à cette date la Journée internationale de la Francophonie dans le cadre de laquelle se passent multiples manifestations dont le concours des «dix mots» ouvert à tous les amateurs de la langue française.
1 tangent — (зд.) имеющий точки соприкосновения
2 langue (f) véhiculaire — язык-посредник; средство межнационального общения
3 Suisse romande — французская Швейцария
4 avoir qqch. en partage — (зд.) совместно использовать
5 prépondérant — господствующий
6 éclatement (m) — распад
7 affinité (f) — родство, близость
8 Instance suprême — высшая инстанция
9 grandes lignes (f pl) — основные положения
10 décoller — набирать силы
11 ondelette (f) — волна малой амплитуды
12 désenchevêtrement (m) — упорядочивание, распутывание
13 hélice (f) — корабельный или воздушный винт