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Le Larousse et la Russie

Le Larousse et la Russie

Le Larousse et la Russie

La première édition du dictionnaire «Larousse» a paru en 1856 et peu après le mot «Larousse» est devenu synonyme de dictionnaire.
Le dictionnaire et sa devise «Je sème à tour vent» sont bien connus dans de nombreux pays sur tous les continents.
Parmi ces pays, la Russie n’était pas la dernière à prendre connaissance du Larousse et commença à s’informer au moyen de ce dictionnaire, c’est-à-dire à voir le monde à travers «Le Larousse».

J’ouvre le » Dictionnaire complet illustré » de Pierre Larousse, 88e édition 1897 et je me plonge dans le monde tel qu’il était il y a plus d’un siècle, exactement 110 ans.

Ce volume m’a été donné par mes élèves dans un petit village de la région de Pskov où j’ai travaillé deux ans comme institutrice de campagne après avoir reçu mon diplôme. A la première page j’ai lu le nom de la personne à qui appartenait ce livre. D’une écriture ferme et rapide à l’encre noire il était écrit : «Evfrossinia Sémenova».Qui était cette Evfrossinia ? Une institutrice de campagne, comme moi ? En ce cas elle avait tant de sujets à enseigner à ses élèves. Aux petits, par exemple, les fables de la Fontaine avec des commentaires détaillés. Et pour les enfants plus âgés le dictionnaire contient une remarquable galerie de héros et de personnages historiques dès l’Antiquité jusqu’à l’époque de la révolution.

Il est intéressant de lire les caractéristiques des personnages de cette époque. On glorifie l’exploit de Bara, enfant de 13 ans qui tomba percé de coups en embrassant sa corde tricolore avec le cri «Vive la République !», et en même temps, dans l’article sur Marat on lit qu’ il était un fameux démagogue, instigateur des massacres les plus sanguinaires.

Beaucoup d’articles dont plusieurs illustrés sont consacrés aux écrivains français. Sur Rabelais, on lit que son œuvre ne périra pas non seulement parce qu’elle est originale, mais aussi parce qu’on y sent un vif amour de l’humanité, la passion de la justice et le culte de la vraie science. Selon ces commentaires, on voit bien que les élèves d’Evfrossinia Sémenova bénéficiaient d’une bonne éducation humanitaire.

Ou, peut-être, Evfrossinia était une jeune fille caressant un rêve d’aller en France pour y avoir une formation dans une école supérieure ou professionnelle.

Alors à sa disposition, il y avait un grand choix d’écoles supérieures avec tous les renseignements nécessaires pour les candidats. Voilà une annonce de l’Ecole normale supérieure d’enseignement secondaire pour les jeunes filles, établie à Sèvres (Seine-et-Oise) : Les élèves, admises au concours, munies d’un diplôme de bachelière ou d’un brevet supérieur et âgées de 18 ans au moins et 24 ans au plus sortent professeurs d’enseignement secondaire.

Pour une personne qui voulait se perfectionner en français, le dictionnaire était une source inépuisable de connaissances : des centaines de mots souvent accompagnés de cartes et d’images. On a fini par comprendre : à la fin du XIXe en siècle en Russie, pour savoir bien le français, ce n’était pas la peine d’aller en France ; on pouvait rester à son aise au fond d’une province russe.

Il est curieux de lire des nouvelles du domaine scientifique. A propos de l’éclipse, on écrit que c’est l’observation des éclipses de lune qui a donné une idée exacte, une preuve palpable de la forme sphérique de la Terre. C’était comme une phrase tirée d’une revue actuelle.

Mais, parfois, il arrive des anecdotes. A la page 516 dans l’article sur «Nègre, négresse» on lit : Il est généralement reconnu aujourd’hui qu’une famille nègre, transplantée dans nos climats, arriverait à la couleur blanche après quelques générations, et sans mélange de races. Vraiment, il y a 100 ans un Noir était un oiseau rare en France !

A la fin du livre est présentée la liste complète des membres de l’Institut de France qui se compose de cinq Académies. D’abord vient l’Académie française avec ses 40 membres parmi lesquels il y avait les noms de Anatole France, Pierre Loti, Sully Prudhomme ; dans l’Académie des Beaux-Arts de musique — Massenet, Saint-Saëns.

Le Parlement français, composé de Sénat et de la Chambre des Députés contient 581 députés, mais parmi ces noms pas un seul que la mémoire historique ait gardé. Sic transit gloria mundi.

Et de l’existence sur terre d’Evfrossinia Sémenova n’est resté qu’un signe — son nom écrit sur une page du «Dictionnaire complet» de Pierre Larousse.

Les rédacteurs du dictionnaire assurent aux lecteurs que chaque réédition annuelle est le témoin fidèle et objectif des transformations du monde. Au sujet de chaque évènement, chaque pays, chaque personnage célèbre le lecteur est sûr de trouver une monographie claire et suffisante.
Mais, tout de même il reste des choses à réfléchir.

Les mots «russe» et «la rousse». Il est certain qu’il n’y a aucune parenté étymologique entre eux, mais pourtant… Cet explorateur dans le royaume des mots, ce «laquais de la langue» n’a-t-il pas prêté attention à cette coïncidence bizarre ? Ne voulut-il pas une fois s’expliquer ce phénomène ?

Maintenant tâchons de voir l’image de la Russie dans le miroir de deux éditions : l’une de 1897 et l’autre de 1968.

Au début de l’édition 1897, après les alphabets grec et allemand vient l’alphabet russe qui compte 35 lettres avec deux lettres bannies en 1917 iati et fita.

Les cartes géographiques de la Russie avec les renseignements historiques sont assez justes, mais dans l’édition de 1897 la Sibérie est présentée séparément.

Dans l’édition de 1897, on lit que L’empire de Russie est le plus vaste Etat du globe… Et dans l’édition de 1968 — L’URSS est une véritable mosaïque de races et de langues. Dans l’édition de 1897, Jaroslav le Grand (c’est-à-dire «Le Sage») est comparé avec Charlemagne, mais il est regrettable que sa fille, nommée dans la Dynastie des rois français Anne de Kiev, épouse du roi Henri I (1006 — 1060) ne soit mentionnée pas une fois.

Dans les deux éditions les articles assez détaillés et illustrés sont consacrés à Pierre le Grand. Dans l’édition 1897, la notice est plus émotionnelle. On y écrit qu’on ne peut dissimuler son despotisme, mais ce qui lui méritera l’admiration universelle, ce sont ses hautes facultés d’organisateur, sa persévérance héroïque, ses travaux prodigieux et son indomptable énergie. En ce qui concerne Catherine II, dans la première édition, elle est surnommée La Sémiramis du Nord et dans la deuxième, on ajoute qu’elle se montra protectrice des philosophes et des artistes français.

Parmi plusieurs «Anne» qui ont laissé leur nom dans l’histoire, dans la deuxième édition, après Anna Ivanovna, impératrice de Russie et nièce de Pierre le Grand vient Anna Karenine, roman de Léon Tolstoï où l’auteur oppose le calme bonheur d’un ménage honnête aux humiliations qui accompagnent la passion coupable. Tolstoï, «romancier russe», est déjà mentionné en première édition, aussi bien que quatre autres écrivains russes : Pouchkine — poète russe, Gogol — littérateur, Dostoïevski — littérateur russe, Tourgueniev — célèbre romancier russe, et aussi Lomonosof — poète et littérateur russe (1711-1765).

Dans la deuxième édition, le lecteur est bien informé sur la littérature russe. Presque tous les écrivains du XIXe siècle, célèbres et moins célèbres, font l’objet d’articles documentés bien détaillés. Ce qui n’est le cas ni pour la musique, ni pour la peinture.

Le lexique est peu changé. Comme toujours ce sont les mots du pays qui caractérisent ou plutôt caractérisaient des réalités russes : troïka, zibeline («martre de Sibérie»), samovar, vodka, pope, copeck, morse, barzoï, icône, strelez, ou les mots qui parlent de la nature : steppe, toundra, taïga…

A propos : le mot bistro est classifié comme un mot populaire. On ne dit rien sur son origine russe. Dans la deuxième édition parut le mot spoutnik — «satellite artificiel» et, sans doute, le nom de Youri Gagarine — premier homme ayant effectué un vol spatial (1961). Il est clair que ce sujet c’est la mer à boire et ici il n’est présenté qu’une partie minuscule.

Et comme toujours le dictionnaire reste étroitement lié avec tous les changements dans le monde actuel.

Chaque année, selon son habitude le Petit Larousse apporte sa moisson de mots insolites et de locutions néologismes qui obtiennent le droit à la citoyenneté française.

A titre d’exemples voilà quelques nouvelles entrées à l’édition de 2004 du Petit Larousse :

Bouléguer, v.t. — Agiter, remuer, secouer. Bouléguer les jetons du loto.
Burqa ou burka, n.f. — Vêtement traditionnel des femmes musulmanes qui dissimule leur corps de la tête aux pieds.
Campagne, n.f. — Exploitation agricole. Maison de campagne. Acheter une campagne.
Collègue, n.m. — Camarade, copain, ami. Salut collègue!
Crevée, n.f. — Gaffe, maladresse, bêtise.
Coparent, n.m. — Personne exerçant avec une autre l’autorité parentale.
Mollachu (e), adj. et n. — (Fam.) Mou, sans énergie.
Pêchu, adj — (Fam.)En forme, dynamique. Des retraités pêchus.
Plier, v.t. — (Fam.)C’est plié : la cause est entendue, les jeux sont faits.
Surjouer, v.t. et v.i. — En parlant d’un acteur, interpréter son rôle avec outrance ; en faire trop.

Parmi ces nouveautés on peut trouver quelques mots d’origine anglaise :

Coach, n.m. (pl. coachs ou coaches) — Dans une entreprise, conseiller professionnel d’un salarié dont il cherche à développer les performances.
Customiser, v.t. (de » to customize «) — Transformer un produit de série en un objet unique ; personnaliser : customisez un véhicule, un vêtement.
Djobeur, n.m. (de » job «) — Personne qui effectue de petits travaux non déclarés, bricoleur.

Mais il ne faut pas imaginer que l’équipe du Petit Larousse donne librement feu vert aux mots anglais. En s’opposant à l’expansion de l’anglais les linguistes français luttent contre la monoculture anglo-saxonne, conséquence logique de l’expansion de l’anglais. La rivalité entre deux langues persiste.

Le gouvernement, l’Académie française, tous les Français se serrent les coudes pour défendre la culture et la mentalité françaises.

Наталия Антонова, Москва

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