Catherine Deneuve

Catherine Deneuve

Catherine Deneuve est une des rares STARS du cinéma français qui a réussi à s’exporter à l’étranger. Un destin qui est logique avec une grand-mère souffleuse1 au théâtre, un père directeur de doublage à la Paramount et une mère actrice ! La petite Catherine ne rêve pourtant pas d’une carrière dans le cinéma, contrairement à sa sœur Françoise, l’aînée des quatre filles Dorléac.

Elle fait cependant sa première apparition à l’écran dès 1957 dans Les Collégiennes puis tourne, alors qu’elle est encore lycéenne, dans Les Portes claquent. A 16 ans, celle qui s’appelle désormais Deneuve (le nom de jeune fille de sa mère) quitte le foyer familial pour vivre avec Roger Vadim, de quinze ans son aîné. Père de son fils Christian, le cinéaste lui offre un rôle dans Le Vice et la vertu en 1963.

La carrière de Catherine Deneuve est unique au monde. Quelle actrice des années 60 possède aujourd’hui son statut ? Que ce soit dans le cinéma de son pays ou le cinéma mondial.

Modèle de l’élégance et du style, photographiée par les plus grands, Marianne des années 70, elle a réussi à masquer sa vie privée tout en franchissant les époques.

Totalement évincée2 de la nouvelle vague, elle tourne ses œuvres les plus marquantes dans les années 60. En acceptant d’être dirigée par des auteurs aussi différents que Polanski, Demy ou Bunuel, mais aussi Deville et Rappeneau, elle prête son visage et un talent qui cherche à s’éclore3, à des réalisateurs qui l’ont menée à Cannes, Hollywood, et en fait sur les chemins d’une gloire culte.

Peau d’âne, 1970

Elle est fidèle aux acteurs: Mastroïanni, Noiret, Auteuil, Montand, Delon, et surtout Depardieu. Bizarrement, à part Françoise Dorléac, Susan Sarandon et Danielle Darrieux, elle n’a pas eu de face à face4 marquant avec d’autres actrices, jusqu’en 2000. Avec Dancer in the Dark et Bjork, puis avec Huit femmes de Ozon qui la confronte5 à Huppert, Béart, Ardant.

Marianne post-Bardot

Les années 70 sont ses années pauvres. En qualité et en rencontres: on peut signaler Berri, Lelouch, Robert et bien entendu Melville. Elle tourne dans beaucoup de films, dans des registres plutôt populaires. Des succès comme Le sauvage sauvent sa trajectoire6. On parle désormais de Deneuve comme d’une beauté populaire, ce qui n’est pas forcément bien adapté à un cinéma assez réaliste, très radical. Elle tourne donc de nombreuses comédies françaises, où elle joue sans cesse ce rôle de belle blonde, frivole et attirante.

Après Le Dernier Métro, les applaudissements

Le génie de Truffaut a été de reprendre des bribes7 de leur premier film (La sirène du Mississipi) et de le replacer dans un contexte moins noir, mais plus morbide8. Il donne surtout à Deneuve le rôle de femme dont elle avait besoin. Le Dernier Métro, qui lui vaut son premier César, c’est la convergence9 de 20 années de vie au Cinéma: la maturité d’une femme de tête10, la beauté épanouie, et le talent enfin reconnu mêlé à un cri de détresse d’un cinéaste qui hurle son amour pour un cinéma disparu.

L’audace qui perce la glace

Touche pas à la femme blanche, 1973

Les risques sont avant tout dans le changement radical du choix de ses rôles. Elle accepte de jouer des femmes banales, névrosées, le regard brisé, emplies de sentiments toujours plus ambivalents11; ainsi, délibérément12, elle va «casser» son image. Sa survie est là. Elle avait bien pensé arrêter le cinéma au début des années 80…

Mais de nouveau, elle donne son image à de jeunes réalisateurs, et se permet l’audace d’alterner13 avec des comédies populaires (L’Africain notamment). Sa curiosité, sa cinéphilie, son amour pour les aventuriers des images et des mots la poussent à se dépasser14.

Sa côte remonte à un moment particulier du cinéma français: la nouvelle vague est oubliée, Baye, Marceau, Adjani la concurrencent vivement. Schneider, Signoret s’éteignent. Deneuve symbolise plus une époque révolue15, et en devient la Reine. Bardot étant à la retraite, Moreau sur les planches16 et Girardot à l’écart.

En 1986, elle présente Le lieu du crime à Cannes. C’est le début d’une nouvelle ère, où Deneuve revient chaque année ou presque sur la Croisette17.

Indochine, la Renaissance

8 Femmes, 2002

Marc Esposito écrivait qu'»une star n’avait besoin que d’un chef d’œuvre tous les 10 ans pour continuer à briller». En 1990-1992 elle tourne, présente et se fait récompenser comme jamais pour Indochine. Nominations aux Oscars et Golden Globes, et deuxième César.

Deneuve, est seule et unique, l’impératrice d’un cinéma qui se cherche une ambassadrice: elle ne récolte que l’admiration. Aux USA, ses récents films n’ont jamais eu autant de succès. La re-sortie de Belle de Jour la replace sous la lumière. Un succès estival18 inattendu en salles.

Jouer pour ne pas vieillir…

Deneuve a imposé une passerelle19 entre le grand public et des auteurs européens: Ruiz, Oliveira, maintenant Carax, Von Trier… Elle use de20 son pouvoir pour permettre à un certain cinéma de vivre.

En même temps, elle a conscience de la limite de ce pouvoir: Deneuve atteint un âge critique pour une actrice, et le succès demeure un argument nécessaire pour se maintenir au plus haut niveau.

Il serait dommage d’attendre sa retraite pour rendre hommage à cette grande dame au service de son art…

D’Artagnan, 2001

Avec un instinct de survie rare, elle enchaîne en fin du siècle précédent un drame réalisé par Nicole Garcia, et de multiples seconds-rôles chez Wargnier, Garrel, Oliveira, Ruiz ; et enfin une comédie de Gabriel Aghion, qui avait ressuscité Ardant. Ses grands écarts, à un âge où les actrices sont plutôt au chômage, c’est une véritable passerelle entre les cinéphiles et les cinémas.

Depuis son prix d’interprétation pour Place Vendôme, elle se cherche. Elle s’internationalise avec D’Artagnan. » Vogue » la place en couverture. Elle nous intrigue en jouant une Peau d’Ane d’un autre âge dans Le Petit Poucet de Dahan. Mais Deneuve a peur de cet avenir incertain, de ce cinéma parfois lointain, souvent trop charnel pour elle. Elle va voguer21 Au plus près du paradis, entre Paris et New York, grâce à Tonie Marshall. La star a besoin d’aller ailleurs. Elle accepte donc de tourner pour la télévision. Comme si son statut l’étouffait comme un corset.

Résumette
Catherine Deneuve, de son vrai nom Catherine Dorléac, est une actrice française, née en 1943 à Paris. Elle est la fille de Maurice Dorléac, comédien de théâtre et de cinéma puis directeur de doublage à la Paramount. Sa grand-mère était souffleuse au théâtre de l’Odéon et sa mère comédienne. Considérée dans le monde entier comme l’une des plus grandes actrices françaises de ces 40 dernières années, elle jouit d’une notoriété internationale et d’une filmographie exceptionnelle. Tous les plus grands réalisateurs européens ont fait appel à elle, associant définitivement son nom à l’histoire du cinéma de la fin du XXe siècle.

 

Pour les débutants
Catherine Deneuve est une des plus grandes et populaires actrices françaises. Son premier rôle était dans le film « Les Collégiennes » en 1957. Elle est très connue en France et à l’étranger. Tous les grands réalisateurs européens lui proposent de tourner dans leurs films. Catherine Deneuve a inscrit son nom dans l’histoire du cinéma de la fin du XXe siècle.

1 souffleuse (f) — суфлер
2 évincé — отстранённый
3 s’éclore — проявляться
4 avoir un face à face — встретиться
5 confronter — познакомить, свести с кем-либо
6 trajectoire (f) — профессиональная карьера
7 reprendre des bribes — повторить успех
8 morbide — нездоровый
9 convergence (f) — совпадинение
10 femme (f) de tête — умная женщина
11 ambivalent — двойственный
12 délibérément — сознательно, решительно
13 se permet l’audace d’alterner — позволяет себе смелость перемежать
14 se dépasser — побороть самого себя
15 révolu — минувший
16 sur les planches — на сцене
17 Croisette — набережная в Каннах
18 estival — летний
19 imposer une passerelle — перекинуть мостик
20 user de qqch — пользоваться чем-то
21 voguer — двигаться, блуждать

Sergey:
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