Il est impossible d’imaginer Paris sans la Tour Eiffel, Moscou sans Kremlin. Il y a des monuments qui deviennent le symbole de la ville où ils se trouvent. Ainsi, si l’on dit Saint-Pétersbourg, on dit la Cathédrale Saint-Isaac.
La cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg, construite en 1818-1858, est un remarquable monument de l’architecture russe de la première moitié du XIXe siècle, réalisé d’après un projet de l’architecte français Auguste Ricard de Montferrand. Assez vaste pour contenir 14 000 fidèles, la cathédrale peut être à juste titre rangée parmi les plus grandioses édifices de culte en Russie. Sa construction a coûté plus de 23 millions de roubles.
L’église est ornée de 112 colonnes de dimensions différentes. Plus de 100 kilos d’or sont utilisés pour la dorure2 des coupoles. Sa hauteur est de 101,5 mètres, son poids atteint plus de 300 milles tonnes.
Actuellement, un siècle et demi après l’achèvement des travaux de construction, la coupole dorée de la cathédrale Saint-Isaac devient l’un des symboles de Saint-Pétersbourg.
La première église Saint-Isaac est construite à Saint-Pétersbourg en 1710. Elle est dédiée3 à saint Isaac le Dalmate dont la fête — le 30 mai — coïncide4 avec la date de naissance du tsar russe Pierre. C’est dans cette petite église en bois que Pierre le Grand épouse Catherine en 1712. En 1717, le bâtiment en bois est remplacé par la construction en pierre, réalisée d’après le projet de Georg Johann Matternovy. Malheureusement le bâtiment est mal placé : le sol marécageux5 est la cause de sa démolition6. Plus tard, en 1802, un nouvel édifice dont l’auteur est Antonio Rinaldi, voit le jour. Hélas, le projet n’est pas réalisé dans son aspect initial car Rinaldi doit quitter le pays avant la fin des travaux et l’architecture de cette église ne correspond pas à l’ensemble architectural du centre de la ville, ce qui entraîne définitivement sa démolition.
Enfin, en 1818, la construction d’une nouvelle cathédrale est confiée à un jeune architecte français qui vient en Russie pour faire sa carrière, Auguste Ricard de Montferrand. Les travaux dureront pendant plus de quarante ans et ne se termineront qu’en 1858, l’année de la mort de son architecte.
Les conditions climatiques imposent plusieurs difficultés que l’architecte résout avec beaucoup de génie. La construction du temple exige les méthodes et les techniques toutes neuves à l’époque : la pose d’une fondation en plate-forme, les travaux d’extraction7, de taille8, de transport et d’installation des gigantesques colonnes de granit, la construction originale de la coupole métallique.
La terre est marécageuse et le fondement ordinaire ne convient pas. Alors, le bâtiment repose sur plusieurs piliers9 enfoncés10 dans le sol et couverts de deux couches de plaques en granit pour soutenir le poids immense de la future cathédrale. Vers 1830, 48 colonnes taillées en granit sont dressées en formant quatre portiques géants, ce qui n’est pas conforme aux règles des constructeurs : construire les portiques avant les murs ! Chaque colonne pèse plus de 114 tonnes. Pour réaliser ce plan, Montferrand fait construire un très grand échafaudage11 muni12 de 16 cabestans13. Chacun d’eux est mis en marche par 8 ouvriers. Leurs efforts sont suffisants pour dresser une colonne en moins d’une heure.
En 1838, on pose la coupole d’un diamètre de 28,5 mètres, fondée sur un haut tambour14, entouré de colonnes pesant 67 tonnes chacune ! Toutes les constructions de la coupole réalisée d’après le projet de Montferrand sont en fer. Elle est couronnée d’un lanternon15 avec une croix grecque en or. Tout comme les cathédrales Saint-Pierre de Rome et Saint-Paul de Londres, la cathédrale Saint-Isaac est l’un des plus grands édifices à coupole de l’Europe.
Quatre clochers ouverts se dressent aux coins du toit. Ainsi, comme la plupart des temples orthodoxes, la cathédrale possède cinq coupoles : une principale et quatre supplémentaires. Tous les portiques sont ornés de frontons qui à leur tour sont décorés de statuts et de hauts-reliefs16.
Dans la construction et le décor du bâtiment, on utilise plus de quarante types de minerais russes et étrangers. Le socle est revêtu de granit, les murs qui ont en certains endroits plus de 5 mètres d’épaisseur, sont revêtus de marbre gris. A l’intérieur, les carreaux en marbre russe, italien et français couvrent les murs ; les colonnes et l’iconostase sont de malachite17 et de lazurite18.
A gauche et à droite des colonnes de lazurite, les deux tableaux représentant la Vierge et le Sauveur sont en réalité des mosaïques, remarquables par leur finesse et la précision des détails.
Près de 400 sculptures, peintures et mosaïques ornent le bâtiment. Pour le décor sculptural de l’intérieur, pour la première fois on applique le procédé de la galvanoplastie. Les travaux sont réalisés par les artistes renommés Ivan Vitali, Nikolai Pimenov et Piotr Klodt.
Karl Brullov, Feodor Bruni et Piotr Bassine exécutent des tableaux en smalt19 qui a plus de 28 000 nuances colorées. Les peintres doivent travailler sous le plafond à une hauteur de quelques dizaines de mètres au-dessus du sol.
En 1858, l’église est enfin consacrée et devient la cathédrale principale de l’Empire russe.
Lors de son histoire, elle connaît plusieurs péripéties. En 1931, elle est fermée au culte et se voit transformée en musée. Pendant la guerre de 1941-1945, quand la ville est en blocus, la cathédrale passe par de rudes épreuves. Le décor de la cathédrale est endommagé à la suite des bombardements, de l’humidité et du froid. Les travaux de restauration d’après-guerre sont exécutés en 1947-1963. C’est un examen sérieux pour les restaurateurs russes.
A partir de 2002, les travaux sont recommencés. Cela concerne tout d’abord la restauration du revêtement20 mural en marbre, du décor de marbre, des sculptures extérieures ; des hauts-reliefs, de la toiture, ainsi que le nettoyage de la dorure de la coupole principale et des clochetons21.
Chaque année le musée d’Etat «Cathédrale Saint-Isaac» est ouvert à plus d’un million de visiteurs russes et étrangers, ce qui fait plus de 70 mille visites guidées.
материал подготовил Владимир Некрасов
Résumette
La cathédrale Saint-Isaac à Saint-Pétersbourg a une histoire longue et intéressante. L’anniversaire de Pierre le Grand, fondateur de la ville, coïncide avec la fête de Saint Isaac, et la première église construite dans cet endroit a été sacrifiée en l’honneur de ce saint. Auguste de Montferrand a été l’auteur de la quatrième version de l’église que nous voyons actuellement. Les travaux ont été longs et difficiles. L’architecte français a trouvé des solutions géniales aux problèmes de la construction du grand bâtiment. L’édifice impressionne par ses dimensions et la richesse du décor extérieur et intérieur. Aujourd’hui, il est le symbole de la ville de Saint-Pétersbourg.
Le bâtiment est haut de plus de 100 mètres et pèse plus de 300 000 tonnes. Son décor est très riche.
Aujourd’hui, la cathédrale Saint-Isaac est un des symboles de Saint-Pétersbourg.
1 fidèle (m) — верующий
2 dorure (f) — позолота
3 dédier — посвящать
4 coïncider — совпадать
5 marécageux — заболоченный
6 démolition (f) — снос (здания)
7 extraction (f) — добыча
8 taille (f) — обтёсывание
9 piliers (m, pl) — сваи
10 enfoncer — (зд.) забивать
11 échafaudage (m) — строительные леса
12 muni — снабжённый, оборудованный, оснащённый
13 cabestan (m) — кабестан, ворот (приспособление для передвижения и поднятия грузов)
14 tambour (m) — тамбур, (основание купола)
15 lanternon (m) — фонарь купола
16 haut-relief (m) — горельеф
17 malachite (f) — малахит
18 lazurite (f) — лазурит
19 smalt (m) [smalt] — смальта (цветное мозаичное стекло)
20 revêtement (m) — облицовка
21 clocheton (m) — колоколенка