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Daniel Auteuil, un monstre sacré

Daniel Auteuil, un monstre sacré

Daniel Auteuil, un monstre sacré

Acteur réaliste. Contemporain. Même si certains films n’ont pas trouvé un accueil important de la part du grand public, Auteuil reste populaire et respecté.

Daniel Auteuil était prédestiné à monter un jour sur les planches. Né à Alger, il grandit à Avignon dans un environnement artistique : ses parents sont chanteurs d’opérette. Il passe son enfance dans les coulisses des théâtres où ils se produisent. C’est là que naît son envie de suivre le même chemin. A 17 ans, il s’oriente d’abord vers l’opérette et le théâtre. Il monte à Paris où, recalé au Conservatoire, il intègre le cours Florent. Après quelques opérettes, il commence réellement sa carrière sur scène en 1970. A 20 ans, il rencontre Georges Wilson qui lui offre un petit rôle dans la pièce Early morning. Puis, en 1972, il est engagé dans la comédie musicale Godspell qui tient l’affiche pendant deux ans.

Daniel Auteuil fait sa première apparition à l’écran en 1974 dans L’Agression de Gérard Pirès aux côtés de Catherine Deneuve et Jean-Louis Trintignant. Il continue sa carrière au théâtre en jouant dans La folle de Chaillot et dans Apprends-moi Céline. Il remporte le prix Gérard Philippe en 1979 pour son rôle dans la pièce Coup de torchon.

Si, à ses débuts, il tient souvent des rôles de voyou2 — il est ainsi remarqué en 1978 dans L’Amour violé -, l’acteur accède à la popularité en prenant part à plusieurs comédies du début des années 80, de Pour cent briques t’as plus rien… aux Sous-doués de Zidi.

La fille sur le pont

La fille sur le pont

Après cette période des comédies, Daniel Auteuil rencontre le rôle de sa vie : Ugolin, qui était initialement prévu pour Coluche, dans les films de Claude Berri (Jean de Florette, Manon des Sources). C’est une interprétation pleine de sensibilité, où son regard de destin battu par l’incompréhension des choses du monde, et donc un amour impossible, le propulse3 parmi les grands.

Depuis sa filmographie prend de l’épaisseur ; d’un point de vue dramatique, il a aussi pu montrer ses talents. Il choisit avec soin les réalisateurs avec qui il veut tourner et les films qui l’intéressent. On le retrouve sous la direction de Claude Sautet dans Quelques jours avec moi (1988) avec Sandrine Bonnaire puis dans Un cœur en hiver (1992). Il tourne également plusieurs films avec André Téchiné, Ma saison préférée (1993) avec Catherine Deneuve et Les voleurs (1996). La même année, on le retrouve dans un film qui a beaucoup fait parler de lui, Le huitième jour de Jaco Van Dormoel. Il obtient le prix du meilleur acteur à Cannes.

Il a eu l’occasion de tourner avec de nombreuses actrices : son ex-femme Emmanuelle Béart, mais aussi Isabelle Adjani et Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Josiane Balasko, Juliette Binoche, Michèle Laroque — bref les plus grandes comédiennes françaises. Un monstre sacré est né !

Si on l’a souvent vu interpréter des personnages sombres et froids en accord avec son visage qui peut paraître dur et fermé, et son regard qu’il sait rendre fixe et vide quand il le désire, il n’abandonne pas totalement la comédie et joue le rôle du diable dans le film de Josiane Balasko, Ma vie est un enfer (1991). En 1999, on a pu l’admirer au côté de Vanessa Paradis dans La fille sur le pont de Patrice Leconte. Ce rôle lui a permis d’emporter un nouveau César, et le film est acclamé4 un peu partout dans le monde.

Un cœur en hiver (1991)

Un cœur en hiver (1991)

Il n’a jamais abandonné le théâtre et a joué dans de nombreuses pièces qui ont connu un grand succès. On l’a vu dans diverses pièces notamment dans La double inconstance de Marivaux en 1988, dans Palais de cristal en 1989, ou encore en Scapin dans Les fourberies de Scapin de Molière pour laquelle il a renoncé à interpréter Van Gogh dans le film de Maurice Pialat.

Auteuil est aujourd’hui l’un des cinq acteurs les mieux payés en France, grâce à des interprétations de qualité et des films originaux et souvent populaires. Il apporte toujours cette dose d’humanité, cette touche de faiblesse qui rend ses personnages si vulnérables5, si touchants. Le meilleur exemple est évidemment son rôle monstrueux dans L’adversaire. A la fois banal et inquiétant, fou en dedans et sage en dehors.

Il joue souvent des hommes bafoués6, trompés, qui ont une vie quotidienne normale, mais des blessures sentimentales profondes. Souvent ses personnages sont sentimentalement froids, en quête d’une chaleur venue d’ailleurs. Ses frustrations se transforment alors en passions débordantes. Mais parfois il gagne tout simplement en sérénité7.

Caché

Caché

C’est à travers cet humanisme qu’il s’est construit. Comblant chacune de ses failles8, films par films. Montrant sa conscience politique, Auteuil se dévoile lentement. De plus en plus, il émerge de ses interprétations une profondeur, une densité dramatique. Mais il n’oublie pas la comédie, même si elle lui réussit moins.

Les metteurs en scène font volontiers appel à ce comédien-caméléon pour incarner des personnages historiques. Il se glisse ainsi dans la peau de l’assassin Lacenaire, d’Henri IV et de Sade. Occupant une place centrale dans le cinéma français, il forme avec Depardieu un tandem gagnant dans Le Placard de Veber (2001) et 36 quai des Orfèvres (2004), avant de camper l’alter ego de Claude Berri dans L’Un reste, l’autre part. S’il renoue9 avec le registre comique de ses débuts (Après vous, avant La Doublure et L’Entente cordiale en 2006), il continue d’inspirer les auteurs les plus exigeants, s’offrant même le luxe de monter à deux reprises les marches de Cannes en 2005, grâce aux œuvres inclassables des frères Larrieu et de Michael Haneke (Caché).

Auteuil est un acteur réaliste. Contemporain. Même si certains films n’ont pas trouvé un accueil important de la part du grand public, Auteuil reste populaire et respecté.

Il enchaîne les grands projets, avec plus ou moins de bonheur… Il s’expatrie10 pour certains films. Se cherche. Trouve des rôles étranges, égarés, en perte d’identité.

Il y apporte toute son intensité et un désespoir fougueux11, romantique, torride12. Auteuil est désormais installé13, guest-star14 dans les festivals, reconnu par ses pairs européens, transcendant les frontières et les genres cinématographiques. Mais il lui manque un film qui le rendra définitivement aimé de tous. Un personnage où son sourire (Après vous) se mélangera à son regard paumé15 et mélancolique (La veuve de St Pierre). Il a encore le temps.

Résumette
Acteur et réalisateur français Daniel Auteuil a grandi dans un environnement artistique et était prédestiné à monter un jour sur les planches. Débarqué à Paris à l’âge de vingt ans, il plonge dans le monde de l’art dramatique et cinématographique. Dès son premier rôle au grand écran dans » L’Agression » de Gérard Pirès jusqu’au » Caché » du réalisateur Michael Haneke, le comédien jouit d’une grande popularité auprès du public.

 

Pour les débutants
Daniel Auteuil est un acteur et réalisateur français populaire. Il est né dans une famille artistique. A 20 ans il fait ses débuts au théâtre, 4 ans après il apparaît au cinéma. Il interprète avec succès des rôles comiques et dramatiques. Il reste jusqu’aujourd’hui très apprécié du publique et demandé des metteurs en scène.

1 recaler — провалиться на экзамене
2 voyou (m) — повеса, проходимец
3 propulser — выталкивать
4 acclamer — шумно приветствовать
5 vulnérable — уязвимый
6 bafouer — высмеивать, издеваться
7 sérénité (f) — спокойствие
8 faille (f) — слабое место, пробел
9 renouer — возобновлять
10 s’expatrier — уезжать за границу
11 fougueux — необузданный, пылкий
12 torride — жаркий, знойный
13 installé — хорошо устроившийся
14 guest-star (англ.) — заезжая знаменитость
15 paumé — жалкий, потерянный

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