Les Grands Boulevards

Les Grands Boulevards

Les Grands Boulevards restent encore aujourd’hui très animés avec de nombreux cinémas et théâtres. Vous y trouverez l’Opéra Comique, le théâtre Saint Martin, le théâtre de la Renaissance, le théâtre des Variétés et le théâtre du Gymnase où Jenny Colon, Gérard de Nerval et Coluche étaient des habitués de la scène. Les cinémas ne sont qu’à quelques mètres avec le Max Linder Panorama et le Grand Rex. Il faut absolument voir un film dans sa grande salle de 2800 places, vous serez ébloui1 par le décor aux allures des Mille et une nuits !

En 1670, Louis XIV décide de faire de Paris une ville ouverte et ordonne la démolition de l’enceinte qui subsistait à l’intérieur de Paris, de la Bastille à la porte Saint-Denis, puis en 1676 de la portion comprise entre la porte Saint-Denis et la porte Saint-Honoré. On comble2 les fossés, on arase3 les bastions, et l’on plante quatre rangées d’arbres pour encadrer une large chaussée qui sera pavée en 1772.

Cette promenade devient très vite le lieu de villégiature4 favori des parisiens, avides d’air frais ; les rues parisiennes étant souvent étroites, odorantes et encombrées5. Les boulevards de la Madeleine, des Capucines, des Italiens, Montmartre et Poissonnière sont nés. Sur le côté nord se fait l’installation de cafés, de restaurants et de théâtres, tandis que de beaux hôtels particuliers s’élèvent alors sur le côté sud.

Louis-Sébastien Mercier décrit ainsi les boulevards à la fin du XVIIIe siècle : «C’est une promenade vaste, magnifique, commode, qui ceint6 pour ainsi dire la ville… On s’y promène à pied, à cheval ou en cabriolet, et l’on peut placer le boulevard à côté de ce qu’il y a de plus beau à Paris».

Le boulevard Saint-Martin

La construction des passages couverts à la même époque rend le quartier plus agréable en protégeant les Parisiens du mauvais temps et du bruit. L’un des plus anciens est le Passage des Panoramas, édifié en 1800 et destiné à faciliter l’accès du Palais Royal au boulevard Montmartre. Il héberge le Théâtre des Variétés où Offenbach a créé les opérettes «La Belle Hélène» et «La Grande Duchesse de Gerolstein» pour Napoléon III.

Les passages couverts sont la nouvelle forme urbaine à la mode, après les anciennes galeries du Palais-Royal et avant la naissance des futurs grands magasins : le Printemps ou les Galeries Lafayette. Ainsi Balzac écrit-il en 1843 : «Le cœur de Paris actuel palpite7 entre la rue de la Chaussée d’Antin et la rue du Faubourg Montmartre. Une fois que vous avez mis le pied là, votre journée est perdue… C’est un rêve d’or et d’une distraction invincible. On est à la fois seul et en compagnie. Les gravures de marchands d’estampes, les spectacles du jour, les friandises8 des cafés, les brillants des bijoutiers, tout vous grise9 et vous surexcite10. Toute la haute et fine marchandise de Paris est là : bijoux, étoffes, gravures, librairie.»

Sous le Second Empire, le centre de gravité11 des boulevards se déplace encore vers l’ouest, avec la construction du Palais Garnier offrant une nouvelle salle d’opéra aux Parisiens. Ce nouveau théâtre en éclipse12 tous les autres se trouvant dans le quartier et qui sont aussi très intéressants.

Par exemple, le théâtre de la Renaissance, situé au 20, boulevard Saint-Martin. Il est créé à l’initiative de Victor Hugo et Alexandre Dumas, qui souhaitent disposer d’un lieu dédié à leurs drames romantiques.

Cependant, ce lieu, victime des intrigues de théâtres parisiens concurrents, sera contraint de fermer ses portes en 1841 ; il ne les rouvrira qu’en 1871 avec, une fois encore, la bénédiction13 de Victor Hugo.

Dans ce théâtre à l’italienne, construit par Charles de Lalande, on créera les pièces de Feydeau et l’on verra successivement triompher Sarah Bernhardt, Raimu et, plus tard, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.

Le Grand Rex

C’est sur les Grands Boulevards, au milieu de dizaines d’autres salles, que surgit14 en 1932, l’un des plus grands cinémas d’Europe : le Grand Rex. Aujourd’hui une des rares salles de l’époque à être encore en activité, le Rex est un lieu exceptionnel, où tout semble démesuré15. Avec sa surface de 2000 m2, les 2800 spectateurs répartis sur 3 niveaux, évoluent dans un décor unique oscillant16 entre exotisme et romantisme.

Son succès est immense dès le début. Puis vient la guerre : les Allemands investissent la salle, le Rex devient momentanément un outil de propagande nazie.

Après la Libération, Jean Hellmann, nouveau propriétaire de l’établissement, entend17 faire revivre ce lieu magique en privilégiant les exclusivités américaines : avant-premières, inaugurations en présence d’invités d’exception… Alors que la plupart des cinémas d’époque disparaissent tour à tour18, le Grand Rex demeure le dernier rendez-vous populaire des cinéphiles19.

Aujourd’hui, outre la projection de films, le Rex propose également de nombreux concerts et des soirées exceptionnelles (la fameuse Nuit des publivores20). Soucieux de préserver la singularité21 de ce lieu, le directeur du Rex cherche toujours à le diversifier : l’exposition «Les Etoiles du Rex» permet de visiter les coulisses de ce cinéma et de mieux comprendre les rouages22 du 7e Art. Avec plus d’un million de spectateurs par an, le Rex continue d’être l’un des lieux cultes voués au cinéma, un lieu qui a traversé sans encombre23 les époques les plus sombres de l’histoire du XXe siècle. Le ministère de la Culture a d’ailleurs inscrit cette salle mythique à la liste des monuments historiques en 1981.

Les Grands Boulevards constituent une part importante de l’identité urbaine et sociale de Paris. Ils sont associés à un certain état d’esprit24 fait de flânerie et de légèreté.

Résumette
Très cosmopolites, les grands boulevards ne se résument pas au Bd Haussmann avec ses poids lourds du shopping que sont le Printemps et les Galeries Lafayette, on y trouve aussi le Bd Montmartre — tout petit mais qui accueille néanmoins le théâtre des Variétés et de bien jolis passages à visiter ; le Bd Saint-Martin et son théâtre de la Renaissance ; le Bd Bonne Nouvelle et son petit théâtre du Gymnase ; le Bd Poissonnière et son cinéma le Grand Rex… Beaucoup de choses à voir et à découvrir et pas seulement à acheter.

 

Pour les débutants
L’un des plus grands cinémas d’Europe, le grand nombre de théâtres et les grands magasins parisiens – tout ce qui est «grand» se trouve à Paris sur les Grands Boulevards. Ce sont de larges avenues plantées d’arbres qui traversent la rive droite de la Seine de la place de la République à la Madeleine. Etymologiquement, le « boulevard » est un rempart, une fortification qui, au Moyen Age, protégeait la ville. Quand au XVIIe siècle, on a démoli la vieille enceinte parisienne, la large promenade qui s’est formée, a continué d’être appelée «boulevard».

1 être ébloui — быть покорённым
2 combler — засыпать
3 araser — сравнять
4 lieu (m) de villégiature — (зд.) место загородного отдыха
5 encombré — загромождённый
6 ceindre — опоясывать
7 palpiter — биться
8 friandises (f, pl) — лакомства
9 griser — пьянить
10 surexciter — возбуждать
11 centre (m) de gravité — центр тяжести
12 éclipser — затмить
13 bénédiction (f) — благословение
14 surgir — появиться
15 démesuré — огромный, непомерный
16 oscillant entre exotisme et romantisme — не то экзотический, не то романтический
17 entendre faire qqch — намереваться
18 tour à tour — друг за другом
19 cinéphile (m, f) — любитель (-ница) кино
20 Nuit des publivores — «Ночь пожирателей рекламы»
21 singularité (f) — своеобразие
22 rouages (m, pl) — (перен.) винтики; механизм
23 sans encombre — благополучно
24 état (m) d’esprit — (зд.) настроение

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